Corridor aérien de l’aéroport Montréal-Trudeau: près de 800 vols de nuit trop bruyants
Le niveau de bruit de plusieurs centaines de vols de l’aéroport Montréal-Trudeau, mesurés par un groupe de citoyens, dépasseraient les normes maximales recommandées pour la santé.
Le collectif citoyen Les pollués de Montréal-Trudeau présenteront ce matin pour la toute première fois des données collectées par leurs 10 stations de mesure du bruit des avions. Le 24 Heures a obtenu en exclusivité une copie de ces données et on y constate que le passage des aéronefs dépassent plusieurs fois par jour les seuils acceptables pour la santé.
Juste dans Ville Saint-Laurent, en juillet dernier, une station a enregistré 7207 vols de jours et 794 vols de nuit, pour un total de 8001 vols trop bruyants si on se fie aux données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
«Le jour, j’entends des vols aux deux minutes. Il y a une école primaire en face de chez moi, ça ne facilite pas l’apprentissage quand les enseignants s’interrompent tout le temps», croit Daniel Lalonde, du collectif Les pollués de Montréal-Trudeau.
Nuits écourtées
Selon l’OMS, la population ne devrait pas être exposée à des bruits dépassant 55 décibels (dBA) pendant une longue période.
Les résultats des stations du collectif Les Pollués ont toutefois mesuré des niveaux sonores dépassant les 80 dBA.
À long terme, ce bruit peut affecter la santé à plusieurs niveaux, allant des troubles du sommeil à l’augmentation des problèmes cardio-vasculaires.
«Parfois, on n’a pas plus que quatre heures de sommeil sans être dérangés», déplore Raymond Prince, directeur du collectif.
Il se réveille souvent la nuit parce que les avions passant au-dessus de son quartier sont trop bruyants et que Aéroports de Montréal (ADM) ne respecterait pas de couvre-feu.
Du bruit à 14 km
Les stations de mesure ont été installées dans les corridors aériens désignés par ADM et dans d’autres endroits jugés problématiques par le groupe. La station la plus lointaine est à 14 km à vol d’oiseau des pistes de Montréal-Trudeau, dans le quartier Saint-Michel, et elle enregistre parfois des niveaux de 70 dBA.
Les stations de mesures ont été achetées auprès de la Worldwide Aircraft Noise Service, une société européenne créée en appui aux citoyens qui luttent contre le bruit des aéronefs. Les données des stations sont d’ailleurs toutes disponibles en ligne.
David contre Goliath
Les quelques 200 sympathisants des Pollués de Montréal-Trudeau se sont cotisés pour récolter près de 9000$ et acheter des stations de mesure. Elles coûtent plus de 500$ et ont été installées bénévolement. En plus de 10 stations déjà existantes, six autres s’ajouteront dans la prochaine année.
ADM possède six stations de mesure, qui sont plus sophistiquées mais moins dispersées que celles des Pollués. Les données d’ADM sont toutefois moins accessibles.
En 2012, les corridors aériens de Montréal ont été modifiés pour diminuer l’émission de gaz à effets de serre. L’altitude des avions serait plus basse à certains endroits, ce qui augmente le niveau de décibels.
Un porte-parole de Nav Canada, la société chargée du contrôle aérien au Canada, indique que la mesure du bruit est de la responsabilité des aéroports.
Le 24 Heures a tenté de rejoindre ADM mais n’a pas eu de nouvelles au moment d’écrire ces lignes.
Revendications des Pollués
- Couvre-feu des vols de 23h à 7h du matin
- Rehausser les niveaux d’altitude où c’est possible
- Réviser les couloirs aériens
- Création d’un organisme qui recueille les plaintes des citoyens et émet des amendes
- Ouvrir deux sièges pour les citoyens au conseil d’administration d’AMD