Écoles pour enfants handicapés : l'absence de services de garde déplorée
Des parents réclament que leurs enfants handicapés aient accès à un service de garde directement dans leur école spécialisée, comme c’est le cas pour les écoles primaires régulières à Montréal.
Pour Annick Boissonneault, qui a une fille de six ans en première année à l’école spécialisée pour enfants sourds Gadbois, chaque journée pédagogique représente un stress. L’école Gadbois n’offre pas de service de garde et sa fille doit fréquenter celui de l’école de quartier proche de chez elle, une école régulière.
Mais les journées pédagogiques de l’école de quartier ne sont pas en même temps que celles de l’école Gadbois. Par conséquent, la fille de Mme Boissonneault, Marilou, n’a pas accès au service de garde lorsqu’elle n’a pas d’école.
«Parfois mon conjoint ou moi nous absentons du travail, sinon il faut trouver un proche ou une personne spécialisée. Il y a 20 journées pédagogiques dans une année, à chaque fois c’est un casse-tête pour faire garder son enfant dans un milieu accessible», explique Annick Boissonneault, qui préside le comité parent de l’école Gadbois. Plusieurs autres parents de l'école vivraient la même situation.
Service demandé
Alain Perron, porte-parole de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), admet qu’il faudrait des journées pédagogiques uniformes entre les écoles.
La CSDM indique que deux écoles primaires spécialisées pour enfants handicapés ont actuellement un service de garde alors que les quatre autres n’en possèdent pas.
À savoir pourquoi, le porte-parole répond que c’est «simplement parce que les parents n’en ont pas fait la demande». La Loi sur l’instruction publique précise que ce sont les conseils d’établissement qui doivent faire la demande.
«Suite à la demande des parents, une analyse est exigée par le ministère de l’éducation pour vérifier la rentabilité du service avant d’accorder le financement», explique Alain Perron.
Annik Boissonneault affirme que les parents ont demandé à quelques reprises au directeur de l’école Gadbois de mettre sur pied un service de garde. Il aurait répondu que ce n’est pas possible en invoquant un manque de ressources. Le directeur n’a pas retourné nos appels.
Aide ailleurs
La mère de famille fait donc des pieds et des mains pour avoir de l’aide en provenance de l’extérieur. Au printemps dernier, l’organisme Altergo a donné de l’argent à l’Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs (AQEPA), qui a organisé des activités à l’extérieur pendant trois journées pédagogiques.
«Quand des parents d’enfants handicapés nous appellent, la difficulté d’avoir accès à un service de garde est souvent mentionnée», explique la directrice générale d’Altergo, Lise Roche. Elle souligne que le manque d’accès aux services de garde prive les enfants d’activités sociales qui les aident à se développer et que cela nuit à leur inclusion.
Depuis le 26 octobre, la Fondation des sourds vient en aide à l’AQEPA, ce qui lui permet d’organiser des activités à l’extérieur jusqu’à Noël. Mais le financement pour l’hiver prochain n’est pas encore assuré, indique l’organisme.
Aussi dans les écoles secondaires
Si les services de surveillance ne sont pas obligatoires au secondaire, les besoins pour avoir en avoir dans les écoles spécialisées se font également sentir.
Marie Cayer est la mère d’un adolescent de 15 ans qui souffre de paralysie cérébrale sévère et qui étudie à l’école secondaire spécialisée Joseph-Charbonneau. Celle-ci rencontre les mêmes problèmes que madame Boissonneault et elle a poussé pour la mise sur pied d’un service de surveillance à l’école, ce qui a été fait il y a quelques années.
Il s’agit de la seule école secondaire spécialisée avec un service de surveillance, indique la CSDM.
Le service, qui bénéficie d’une petite aide financière du ministère de la Famille, est toutefois très précaire et il pourrait disparaître l’hiver prochain, s’inquiète Mme Cayer.
De son côté, le porte-parole de la CSDM estime que le financement qui provient du gouvernement est insuffisant pour cette clientèle.