Une vétérinaire de rue pour les animaux des personnes itinérantes
Depuis cet été, chaque mois pendant une journée, Isabelle Pinard, vétérinaire, et Caroline Leblanc, qui a fondé il y a quatre ans l’organisme d’entraide Solidarité dans la rue, redonnent le sourire à de nombreuses personnes vivant dehors et dans la précarité, pour qui leur animal de compagnie passe avant tout.
«Les gens que je rencontre sont extrêmement touchés, émus même, certains pleurent: c’est extraordinaire et très important pour eux de savoir que leur animal est protégé au niveau des vaccins, qu’il est soigné... ça passe avant eux et ça leur permet de respirer un peu», affirme Mme Pinard.
Rencontrées lundi auprès de l’organisme Sac à dos, toutes deux étaient à l’écoute de ceux venus faire soigner ou vacciner leur animal. «On n'a pas d'argent et ils nous aident beaucoup, mon chien a des problèmes de dents et ça coûte vraiment cher», a lancé Denis Lurette, qui vit depuis une dizaine d'années dans la rue et estime que ce projet répond à un besoin criant.
Directement dans la rue
Pour Caroline Leblanc, qui a elle-même vécu près d’une quinzaine d’années dans la rue «in and out» et avait ce projet en tête depuis longtemps, il était important de se rendre dehors auprès des personnes itinérantes . «Les organismes n’acceptent pas tous les animaux, le Sac à dos étant un des rares à Montréal», a-t-elle indiqué.
Après leur clinique au sein de cette association, direction donc le centre-ville, notamment auprès de Rick, accompagné de son chien et enchanté par l’initiative. «Il y a du monde qui préférerait mourir plutôt que d’abandonner leur animal», a-t-il rappelé.
«J’ai moi-même eu une chienne dès l’âge de 16 ans qui m’a énormément responsabilisée, a confié Mme Leblanc. De savoir qu’elle n’allait pas m’abandonner m’a appris à gérer mon comportement, quand je dépassais les limites elle me remettait les pendules à l’heure. Elle m’a raccrochée à la vie.»
Une continuité
Venir en aide aux personnes de la rue ou en situation de précarité est une véritable vocation pour celle qui détient désormais une maîtrise en travail social et s’apprête à entamer un doctorat en santé communautaire. «Mon mémoire de maîtrise portait sur la relation entre les personnes itinérantes et leur animal de compagnie, je voulais voir si cette relation était pour d’autres aussi intense que la mienne, a précisé Mme Leblanc. Ceux qui sont dans la rue sans chien sont souvent plus deep dans la consommation, ça ressort beaucoup dans mes recherches. Le regard social n’est pas le même.»
Avec Mme Pinard, Caroline Leblanc dit tenter aussi d’apporter «une continuité» au travail de l’organisme Dans la rue, qui l’a soutenue pendant des années et propose également un service de vétérinaire. «Dans leur cas les gens qui peuvent faire soigner leur animal doivent avoir moins de 25 ans. Je n’ai pas de limite d’âge mais quand ces personnes ont moins de 25 ans, je peux les référer à Dans la rue», précise-t-elle.
Mme Leblanc parvient à financer ce projet à l’aide de dons amassés et aimerait poursuivre l’expérience avec un van. Une deuxième vétérinaire pourrait se greffer prochainement à cette initiative.