Financement du transport en commun : un écart qui persiste entre le Québec et l’Ontario | 24 heures
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Financement du transport en commun : un écart qui persiste entre le Québec et l’Ontario

Le Québec est toujours en retard sur l’Ontario en matière d’investissements dans les transports collectifs malgré les grands projets en cours de réalisation à Montréal ainsi que dans la capitale provinciale.

«On peut s’attendre à ce que le Québec continue d’avoir des investissements [en transport en commun] nettement inférieurs à l’Ontario», lance sans ambages le coordonnateur de L’Alliance pour le financement des transports collectifs au Québec (TRANSIT), Samuel Pagé-Plouffe.

L’Alliance TRANSIT, qui regroupe plus de cinquante organismes, a publié aujourd’hui une analyse comparative du financement prévu en transport en commun dans les deux provinces en se basant sur leurs plus récentes prévisions budgétaires.

D’ici 2028, l’Ontario entend dépenser 79 milliards $ pour des projets en transport en commun, ce qui représenterait des investissements de 5 650$ par habitant, selon cette analyse.

Le gouvernement du Québec entend quant à lui dépenser un peu plus de 9 milliards $ pour divers projets en transport en commun, ce qui représente un montant par habitant de 1081$, soit plus de cinq fois moins qu’en Ontario.

Alors que les trois quarts des investissements prévus en infrastructures de transport iront pour des projets de transport en commun en Ontario, cette proportion chute à 31% pour le Québec, qui prévoit par ailleurs investir environ 20 milliards $ en 10 ans pour prolonger des autoroutes et entretenir le réseau routier.

«Si on veut réellement lutter contre la congestion routière et diminuer les émissions de gaz à effet de serre, il faut investir davantage dans le transport en commun», estime Florence Junca-Adenot, professeure associée au département d’études urbaines de l’Université du Québec à Montréal et membre du comité d’experts de TRANSIT.

Un récent rapport indique d’ailleurs que l’agglomération de Montréal ne serait pas en voie d’atteindre d’ici 2020 sa cible de réduction de gaz à effet de serre en raison notamment de l’augmentation des émissions produites par les transports dans les dernières années.

Écart à combler

Au cours des dix prochaines années, plusieurs projets majeurs en transport en commun prendront forme au Québec, comme le prolongement de la ligne bleue du métro jusqu’à Anjou, le remplacement des vieilles voitures de métro par les trains AZUR ainsi que l’implantation d’un circuit de tramway et de trambus dans la ville de Québec.

Davantage d’investissements en transport en commun seront toutefois nécessaires pour combler l’écart avec l’Ontario, note le directeur général de Trajectoire Québec.

«Ce sont des décennies de sous-investissements qu’on doit rattraper, affirme Philippe Cousineau Morin. On parle quand même de projets qui prennent cinq ou dix ans à mettre en place, donc ça n’en prend pas seulement un ou deux, ça en prend chaque année.»

Dans son dernier budget, l’Ontario a notamment prévu des sommes pour le prolongement du métro Toronto, l’extension de la desserte des trains de banlieue à l’extérieur de la Ville Reine, la création d’un système rapide par bus pour la ville de London ainsi que celle d’un système léger sur rail à Ottawa.

«Depuis 10 ans, il n’y a pas beaucoup de choses qui se sont concrétisées au Québec [...] Le dernier grand projet de transport en commun, c’était le prolongement du métro à Laval [inauguré en 2007]», souligne Mme Junca-Adenot.

Au moment d’écrire ses lignes, le ministère des Transports du Québec n’avait pas répondu aux questions du 24 Heures. 

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