Les moutons débarquent au parc Maisonneuve
Neuf moutons ont élu domicile au parc Maisonneuve, où ils feront office d’alternative à la tondeuse jusqu’au 1er octobre, dans le cadre d’un projet en agriculture urbaine.
Dimanche, de nombreuses familles montréalaises étaient venues observer les neuf bêtes qui broutaient paisiblement le gazon.
Maïka Sabourin et sa fille Edda s’étaient déplacées spécialement pour voir les animaux à l’œuvre. «Je trouve ça super, c’est le fun pour les enfants parce que ça les met en contact avec la nature. Ça fait moins de machinerie dans les parcs et c’est plus naturel.»
Depuis trois ans, l’organisme en agriculture urbaine Biquette à Montréal est à la tête de cette initiative, dont l’objectif est d’apporter une alternative écologique à la tondeuse, tout en égayant le paysage et en éduquant les citadins.
«Le mouton fait la job !» lance l’instigatrice du projet, Marie-Ève Julien-Denis, en ajoutant qu’un mouton peut manger d’un à deux kilogrammes de gazon par jour.
Elle précise toutefois que plus de moutons seraient nécessaires pour couvrir tout le parc Maisonneuve.
Biodiversité
Dans certains endroits plus achalandés par des usagers du parc, visités par les moutons, les bénévoles de l’organisme retirent chaque soir leurs déjections. «Mais dans certains endroits, on les laisse là parce que le fumier va nourrir le sol de façon naturelle», explique Mme Julien-Denis.
«Les moutons vont aussi meubler le sol, mais sans le compacter, comme le ferait une grosse tondeuse», ajoute-t-elle.
«Et le fait qu’il n’y ait pas de bruit, ça va permettre aux cigales, aux oiseaux et aux insectes de revenir ou de ne pas partir. Ç’a beaucoup d’avantages au niveau de l’écosystème et de la biodiversité urbaine.»
Mais les moutons eux-mêmes, bénéficient-ils de l’expérience ? Ils se portent bien, explique la bergère urbaine. Comme les herbicides et pesticides sont interdits depuis quelques années dans les parcs municipaux de la métropole, le gazon est sans danger pour eux.
De plus, on ne recueillera par leur laine et on ne les traira pas pour leur lait, pas plus qu’on ne le tuera pour leur viande. «C’est la vraie belle vie de mouton !», s’exclame Mme Julien-Denis.
Étude
Cet été, les moutons ont passé quelques semaines au Jardin botanique, puis ont migré vers le parc du Pélican dans Rosemont-La-Petite-Patrie.
Ils s’acclimatent maintenant à leur nouvel environnement dans le parc Maisonneuve et commenceront à pâturer librement dès mercredi.
Pour développer plus de connaissances sur l’écopâturage en ville, Biquette à Montréal mène présentement une étude en collaboration avec deux stagiaires issus des domaines de la biologie et de la science de l’environnement.
Cet automne, l’organisme publiera un rapport dans lequel seront analysés les résultats du passage des moutons. «On fait des analyses de sol. Aussi, on regarde ce que mangent les moutons à Montréal, mais aussi l’acceptabilité sociale du projet», mentionne Mme Julien-Denis.