Graffitis haineux: une application pour «effacer» la haine
Une nouvelle application mobile disponible dans les prochaines semaines permettra de signaler les graffitis haineux pour faciliter le travail d’un Montréalais qui s’est donné comme mission de les éliminer partout dans le monde.
Bien qu’il les efface déjà depuis 2009, c’est réellement en 2014 que Corey Fleischer est devenu le porte-étendard de la lutte aux graffitis haineux, lorsqu’il a fondé Erasing Hate, un mouvement social qui se fait connaître sur Facebook et Instagram.
Son projet jouit aujourd’hui d’une notoriété internationale, alors qu’il a permis d’effacer des graffitis haineux dans des dizaines de pays, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.
«Ce mouvement est pour tout le monde. On cible autant l’antisémitisme que l’homophobie, l’islamophobie ou la haine envers les communautés noires, ça n’a pas d’importance. La haine, c’est la haine et ça affecte tout le monde», a lancé celui qui enregistre des vidéos inspirantes chaque fois qu’il retire un graffiti.
M. Fleischer estime que le mouvement Erasing Hate a permis de retirer environ 5000 tags haineux depuis le début de l’année.
«J’approche les 100 millions de vues sur Facebook pour 2018, pour quelque chose de si simple», a-t-il indiqué. «Les gens pensent que j’ai des mains magiques ou que je fais quelque chose d’impossible, mais quand tu vois de la haine, tu peux faire quelque chose!»
Application
Pour le moment, un graffiti doit d’abord être signalé par un membre de la communauté Erasing Hate, qui compte 100 000 personnes de Montréal et d’ailleurs. Celui-ci envoie une photo du tag haineux et son emplacement exact, puis Corey Fleischer le publie sur sa page.
Les graffitis signalés sont généralement effacés en l’espace de quelques heures par l’un de ses sympathisants, se réjouit le lauréat du Prix du Mérite municipal 2018, dans la catégorie Citoyens, décerné par le gouvernement du Québec.
«Pendant longtemps, les gens ont juste ignoré ça», a-t-il poursuivi. «Il n’y avait pas de moyens de faire une différence et ça créait un sentiment d’inconfort, donc ils ne gravitaient pas autour de ça. Maintenant, et je suis vraiment fier de ça, on a créé un changement social à travers le monde et plus personne ne les ignore.»
Pour faciliter sa démarche, ceux qui souhaitent effectuer un signalement seront bientôt invités à le faire à partir d’une application mobile, qui devrait sortir au début janvier.
«C’est une application pour créer un changement social. Il n’y a pas beaucoup d’applications qui peuvent vraiment faire une différence, alors c’est ce qu’on fait», a dit M. Fleischer.
Conférences
«Erasing Hate n’est pas conçu pour arrêter la haine. C’est la première ligne de défense quand la haine survient» a tenu à préciser Corey Fleischer. «Le seul moyen d’arrêter la haine, c’est d’éduquer notre jeunesse.»
Il met donc un point d’honneur à offrir des conférences dans les écoles portant sur sa vision et sur le mouvement Erasing Hate. Il a également présenté une conférence TEDx Talks à Laval l’été dernier.
«Ce que leurs parents ou leurs grands-parents pourraient un jour avoir pensé, ça ne veut pas dire que leurs enfants ou leurs petits-enfants doivent penser comme ça. Je veux arrêter ce cycle», a-t-il conclu.