Près de la moitié des Québécois sont malheureux au travail
Marie-France Bujold – 37e AVENUE
Le mécontentement lié au travail semble toucher de plus en plus de Québécois. C’est du moins ce que révèle un récent sondage commandé par AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi. En effet, 50 % des gens ayant participé à l’étude se disaient insatisfaits de leur travail.
Pour contrer ce mal-être, les gens n’hésitent plus à changer d’emploi. Comme l’explique Valérie Roy, directrice d’AXTRA, « depuis quelques années, on voit se dessiner une nouvelle tendance. Les gens n’ont plus un cheminement professionnel linéaire. Ils ne restent plus accrochés au même emploi toute leur vie comme on le voyait auparavant. »
Selon cette étude, les Québécois auront en moyenne cinq emplois différents au cours de leur carrière, ce qui est bien supérieur à ce qu’on voyait il y a quelques décennies.
Autre conséquence de cette insatisfaction : 60 % des gens changeront de carrière au moins une fois. Et le tiers de la population vivra trois réorientations de carrière. Valérie Roy note que ce phénomène est de plus en plus visible depuis quelques années, particulièrement chez les gens qui habitent en ville.
Trouver un emploi qui a un sens
Mais qu’est-ce qui suscite ce besoin de changer d’emploi, même de carrière ? Selon la directrice d’AXTRA, plusieurs éléments pèsent dans la balance. « Il y a des facteurs externes qui ont un impact sur le monde du travail, comme l’émergence de nouvelles technologies, l’ouverture des marchés ainsi que la mondialisation. Mais le facteur le plus important, c’est le changement de valeur que les gens accordent au travail. Désormais, les gens cherchent un travail qui rejoint leurs champs d’intérêt. » Sinon, l’ennui les guette.
« Comme on passe beaucoup de temps au travail, il faut que l’emploi occupé ait un sens et rejoigne les valeurs des travailleurs, explique Valérie Roy. Les gens recherchent de plus en plus des emplois qui leur permettent de vivre des expériences enrichissantes. » Elle ajoute que les gens n’hésitent pas à cumuler plusieurs petits emplois plutôt que d’occuper un emploi à temps plein pour satisfaire ce besoin.
Un besoin de flexibilité
Les travailleurs préfèrent aussi les emplois qui permettent une certaine flexibilité afin de profiter davantage de la vie. Selon Valérie Roy, « les ressources humaines et les employeurs devront ajuster leurs pratiques pour répondre à cette transformation du marché de l’emploi. Le télétravail et la flexibilité des horaires deviendront un enjeu encore plus grand dans les années à venir afin d’attirer et de garder les travailleurs dans les entreprises. »
Autre facteur qui influence ces changements : l’accroissement de l’espérance de vie. « Les gens travaillent plus longtemps. En vieillissant, ils veulent souvent avoir un emploi avec moins d’obligations. Plusieurs optent donc pour un emploi à temps partiel qui n’est pas nécessairement dans le domaine où ils œuvraient avant. »
Bref, si le besoin de changement traduit notamment l’insatisfaction des travailleurs à l’égard de leur travail, il est aussi symptomatique d’une tendance qui s’accentue : les gens veulent de plus en plus un emploi qui s’adapte à eux. Ils préfèrent changer d’emploi plutôt que de redéfinir leurs priorités ou de supporter un travail qui leur déplaît.