Le début de la fin des aires ouvertes?

Présentées depuis une bonne dizaine d’années comme la solution design ultime aux bureaux cloisonnés et démodés, les aires ouvertes ne semblent pas être la panacée. Est-ce le début de la fin de ce type d’aménagement régulièrement critiqué?
Les reproches lancés aux espaces de travail ouverts portent notamment sur les problèmes de concentration attribuables au bruit et au manque d’intimité visuelle. Des études, dont la plus citée est celle de la Harvard Business School, ont noté une diminution des interactions entre les employés, alors que les aires ouvertes visaient pourtant l’amélioration des communications entre collègues. En fait, les échanges seraient jusqu’à trois fois plus fréquents dans les fameux bureaux traditionnels.
De plus, les employés se plaignent de ne pas avoir accès à des endroits fermés pour s’isoler au besoin, que ce soit pour mieux travailler ou pour faire un appel. Ces irritants affecteraient ainsi négativement leur productivité.
Vers les aires ouvertes 2.0
Ces critiques vont-elles venir à bout de ce genre d’aménagement? Certainement pas, estime Julie Bourbonnais, psychologue organisationnelle chez Hors-Piste. «Ces objections s’adressent à la version 1.0 des aires ouvertes, celle qui voulait avant tout donner accès à la lumière naturelle au plus grand nombre», rappelle la psychologue.
Les murs et les paravents sont tombés au profit des rayons du soleil, certes, mais il n’est resté qu’un immense local rempli d’espaces de travail tous identiques. Le hic : les bureaux ont à peine été réaménagés et on n’a pas vraiment réfléchi aux besoins réels des employés.
«Or, le paradigme est en train de changer, continue Julie Bourbonnais. On a clairement déterminé les besoins afin de répondre à tous les types de travailleurs grâce à des espaces multifonctionnels.»
Résultat? La multiplication des espaces à vocation précise, par exemple des cubicules pour les appels téléphoniques, de petites salles de rencontres, des fauteuils de lecture ou encore des lieux de détente. Autrement dit, l’employé solitaire se sentira aussi bien dans son milieu de travail que celui qui doit échanger fréquemment pour effectuer ses tâches.
Le rôle des patrons
Ces nouveaux aménagements sont donc en constante évolution. Le rôle des gestionnaires, à cet égard, est d’accompagner leurs employés dans cette réussite. Ils doivent circonscrire et normaliser les accès à ces nouveaux espaces, de même que leur utilisation. «Ce nouveau savoir-être ensemble constitue une transformation majeure, constate Julie Bourbonnais. Les patrons doivent prendre le temps de bien faire les choses pour en tirer pleinement les bénéfices», ajoute-t-elle.
Loin de disparaître, donc, les aires ouvertes devraient, au cours des prochaines années, se multiplier et se raffiner. Au cœur de ces changements se trouvent les besoins personnels et professionnels des employés, qu’il faut apprendre à connaître et à respecter. «Ce n’est pas facile de passer d’un espace de travail de 90 pieds carrés à 1000 pieds carrés!» conclut la psychologue.