Cannabis à 21 ans : «on va se tourner vers le marché noir», disent de jeunes consommateurs
Même si l’âge légal pour acheter du cannabis sera de 21 ans dès le 1er janvier, plusieurs jeunes n’ont pas l’intention de changer leurs habitudes de consommation : ils sont donc prêts à tout pour se procurer du pot, quitte à se tourner vers le marché noir.
Interrogés au cours des dernières semaines, une dizaine de consommateurs âgés entre 17 et 20 ans sont unanimes : la nouvelle loi ne va pas les empêcher de consommer.
«J’aimais encourager le gouvernement en achetant légalement, maintenant je devrai encourager le marché noir», lance Amanda, 18 ans.
Étudiant au cégep du Vieux-Montréal, Dominic, 20 ans, s’inquiète de l’impact qu’aura la nouvelle loi sur la qualité des produits qu’il va consommer.
«Si on veut continuer à fumer du cannabis, notre seule option maintenant, c’est d’acheter illégalement un produit moins sécuritaire pour notre santé», affirme-t-il.
Marianne, qui aura 18 ans prochainement, reste perplexe face à la nouvelle loi. Elle ne saisit pas le message que le gouvernement Legault envoie aux jeunes. «On dirait qu’il n’y a aucun message qui passe, ça fait juste fâcher les jeunes», lance-t-elle.
L'avis des experts
De nombreux experts en santé publique ont prévenu le gouvernement Legault des effets néfastes d’un resserrement de l’encadrement du pot. Plusieurs affirment que la législation va réduire la qualité générale des produits qui sont consommés.
« Un des objectifs de la légalisation du cannabis était de s’assurer que les produits consommés sont des produits supervisés et contrôlés. On sait davantage ce que l’on consomme, contrairement aux produits qu’on retrouve sur le marché noir», affirme pédiatre spécialisé en toxicomanie Nicholas Chadi.
De son côté, le psychiatre Didier Justras-Aswad croit que le gouvernement doit mettre de l’avant plus de mesures de prévention et de soutien.
«Le simple fait d’interdire une substance ne va pas empêcher les gens de consommer. Des mesures ou des stratégies de prévention, elles, ont fait leurs preuves pour prévenir la consommation problématique», soutient le psychiatre.
Le gouvernement Legault doit réévaluer en 2021 l’efficacité de sa nouvelle loi qui resserre l’encadrement du cannabis.