Des parents tentent le tout pour le tout avec des rencontres de groupe pour aider leur enfant à gérer leur anxiété | 24 heures
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Des parents tentent le tout pour le tout avec des rencontres de groupe pour aider leur enfant à gérer leur anxiété

Image principale de l'article «Je n'ai jamais vu autant d'enfants anxieux»

Dimanche matin, 8h45, rue Sherbrooke à Montréal. Onze parents ont bravé les conditions météorologiques en ce lendemain de tempête. Épuisés, ils assistent à leur dernière rencontre de groupe dans l’espoir d’aider leurs enfants à vivre avec leur anxiété.   

«Je n’ai jamais vu des enfants aussi anxieux», m’indique la travailleuse sociale Michèle Lambin, qui voit des ados et enfants anxieux dans son bureau depuis 42 ans. Parmi ses clients, une centaine, 40% concernent des cas d’enfants anxieux alors qu'il y a cinq ans, la proportion était de 20%.  

Ann Julie Larouche

Dans l’impossibilité de tous les rencontrer chaque semaine, elle n’a eu d’autre choix que de former ce groupe qui se rencontre le dimanche matin, afin de décortiquer l’anxiété des enfants. Elle a donc approché l’organisme Revivre, qui l’a épaulée dans la création du contenu des rencontres, en plus de mettre à sa disposition des locaux et une intervenante. Michèle n'avait pas vu la création de ce type de groupe de rencontre intensive entre parents et enfants auparavant.     

«Comme parent, on se sent isolé, m’affirme le père de Victoria, Jean Maurais. On a l’impression qu’on a des luttes que personne d’autre n’a. Et quand on en parle dans notre entourage, on nous juge. Tu te sens isolé, incompétent, et tu te dis “comment ça va finir cette affaire-là?”»     

Ann Julie Larouche

Dans le cas d'Élisabeth Savard, la mère de Julien, le chemin qui l'a menée à ce groupe a été pénible. Cette solution s'est imposée après des années d’essais et erreurs, au cours desquels les rendez-vous chez une psychologue, une ergothérapeute et une neurologue se sont succédé.   

«C’est cet été, lorsque Justin est resté à la maison, qu’il a commencé à avoir des tics moteurs, me raconte-t-elle. Ça me préoccupait beaucoup. Il était rendu au point où il disait : “Aidez-moi, j’en peux pu d’être de même”.»     

L’anxiété, de parents à enfants   

«Je pourrais dire que oui, j’ai un côté anxieux, ainsi que sa mère, et ça se manifeste chez ma fille, clairement. Elle a malheureusement hérité de ça. J’assume», m’indique Nicolas Ouellet, le père de Vivianne. Cette révélation est étonnante compte tenu de sa voix enveloppante, rassurante.     

Si les vulnérabilités génétiques ont un rôle à jouer dans l’anxiété d’un enfant, Michèle Lambin croit que le problème n’est pas là.     

Ann Julie Larouche

«Les enfants voient comment leurs parents se traitent. Il y en a plusieurs qui n’ont pas le goût de vieillir parce que c’est comme si, quand on est jeune, on peut faire des erreurs, mais quand on vieillit, ça devient grave.»     

Des exercices pour s’apaiser   

Dès l'arrivée des participants dans la classe, Michèle leur demande d'effectuer une méditation et un exercice de cohérence cardiaque, une technique qui consiste à contrôler sa respiration pour calmer l’anxiété.      

Par la suite, le groupe se sépare en deux: les adultes discuteront de diverses stratégies, épaulés par la travailleuse sociale Annie-Claude Desmarais, alors que les enfants iront à l’étage avec Michèle Lambin et auront une discussion sur leurs défis, suivi d’une activité d’art-thérapie.      

Ann Julie Larouche

«Autant les professeurs que les parents sont de plus en plus démunis avec l’anxiété. Les manifestations s’apparentent souvent à de la provocation, mais ce sont définitivement des facteurs de stress», me confie Annie-Claude.     

Suivi depuis plusieurs années par Michèle, Julien, 12 ans, est conscient du travail amorcé... mais aussi de celui qu’il reste à faire. «Au début, je pensais pas que c’était possible d’arrêter de faire ce que je fais à propos de l’anxiété, et plus ça avance, plus je me rends compte que oui...mais en même temps, non», souffle-t-il.