Le grand retour de Donjons et Dragons
Né dans les années 70, le jeu de rôle Donjons et Dragons (D&D) connaît actuellement son grand retour dans la culture populaire. L’entreprise derrière le jeu, Wizard of the Coast, a plus que triplé ses ventes depuis 2015 à travers le monde et le Québec n’y fait pas exception.
Le comédien Normand D’Amour constate ce phénomène en tant que co-propriétaire des pubs ludiques Randolph, des établissements où l'on peut jouer à des jeux de société entre amis. «Ça a vraiment explosé, affirme-t-il. Au Randolph, on vend des produits Donjons et Dragons et on remarque vraiment l’attrait qu’ont les gens pour ce jeu-là. Que ce soit des livres de règlements, des histoires ou des accessoires, ça attire le monde.»
Donjons et Dragons est un jeu dans lequel les joueurs incarnent des personnages fantastiques qui évoluent dans une histoire racontée par un «maître du jeu». Une partie peut s’étirer sur plusieurs séances qui durent, chacune, plusieurs heures.
Le bar offre depuis 2017 un service de maîtres du jeu qui se déplacent à domicile pour animer des séances de Donjons et Dragons. Récemment, la demande est si importante que les places sont réservées pour les trois prochains mois, explique Normand D’Amour, qui constate un intérêt marqué chez millénariaux. «Ma plus grande fierté, c’est de voir des jeunes se rassembler, jouer à Donjons et Dragons et il n’y a pas un cellulaire sur la table, souligne-t-il. Comme quoi, les gens ont compris qu’être en gang, c’est plus le fun qu’être tout seul.»
Un jeu simplifié
Mais qu’est-ce qui expliquer ce grand retour de D&D? Plusieurs adeptes attribuent d’abord ce succès à la dernière version du jeu, lancée en 2014. Celle-ci a été revue et simplifiée pour attirer le plus d’amateurs possible. Puis, récemment, le jeu de rôle a été propulsée dans la culture populaire en faisant partie intégrante du scénario de plusieurs séries populaires (Stranger Things, The Big Bang Theory).
Acteur et joueur de Donjons et Dragons, Pierre-Louis Renaud constate que plusieurs personnalités connues ont aussi contribué à l'’essor du jeu. «Il y a plein de gens à Hollywood qui ont fait leur coming out de D&D. Jon Favreau (Friends), Vin Diesel (Rapides et dangereux), Joe Manganiello (Magic Mike) ou Deborah Ann Woll (True Blood), par exemple. Ça permet au monde de voir que ça peut être cool ce jeu-là», dit-il.
Le pouvoir du web
Pierre-Louis Renaud croit qu’Internet a également joué son rôle dans l’émergence de D&D. «Ça permet de voir d’autres personnes jouer. On se rend compte que ce n’est pas compliqué, que c’est accessible.»
En 2016, Pierre-Louis a lui-même coproduit des vidéos présentant des parties de Donjons et Dragons sous la bannière «Es-tu Game». Le premier épisode, d’une durée de quatre heures, a été visionné à plus de 46 000 reprises. «La réponse a été tellement forte, tellement positive qu’on n’a pas eu le choix de continuer», se souvient-il.
De son côté, Normand D’Amour est persuadé que Donjons et Dragons va continuer de monter en popularité. «L’expérience humaine, c’est d’être ensemble et Donjons et Dragons est l’outil idéal pour faire des blagues, s’unir et passer des moments avec notre entourage», souligne-t-il.