À la banque alimentaire pour la première fois: des gens obligés de piler sur leur orgueil

De nouveaux visages d’un peu partout au Québec se présentent dans les banques alimentaires pour y trouver de quoi manger après avoir perdu leur emploi. Les demandes de dépannage risquent même de doubler pour atteindre 800 000 par semaine, préviennent les experts du milieu.
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À en croire la file d’attente qui s’étirait longuement jeudi devant l’organisme La Bouchée généreuse de Québec, il faudra ajouter la faim à la longue liste des contrecoups de la COVID-19.
Des dizaines de personnes, plusieurs n’ayant jamais mis les pieds dans des organismes d’aide, y attendaient de quoi nourrir leurs familles.
« On ne pensait pas avoir besoin de faire appel à des ressources alimentaires un jour. Mais là, on n’a pas le choix », racontent Willy Alcis et Laurianna Florian.
Pas de chômage
« On a trois enfants, le logement, deux autos à payer, des paiements à gauche et à droite. J’ai fait mes demandes de chômage, mais pour l’instant, je n’ai toujours pas de réponse », explique M. Alcis.
Les organismes montréalais voient aussi beaucoup de nouveaux visages ces jours-ci. Edgar Omar Herrera, qui travaillait dans un magasin de chaussures avant de perdre son emploi il y a deux semaines, a été pour la première fois jeudi faire son épicerie à L’œuvre des Samaritains, dans le quartier Villeray, où on peut acheter un panier de denrées bien garni pour 7 $.
« C’est moins cher que dans une grande épicerie. S’il n’y avait pas ce service, ce serait beaucoup plus difficile de se nourrir », dit-il.
La situation était semblable du côté de la Première église évangélique arménienne, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, où des bénévoles mettaient de la nourriture directement dans les véhicules des gens pour éviter les contacts.
Eve Jubinville, qui avait recours à ce service pour la première fois alors qu’elle travaillait jusqu’à récemment comme conductrice d’autobus scolaire, réussissait à garder le sourire malgré tout. « C’est pas évident, il faut faire les procédures, se mettre en branle. [...] Moi je n’ai pas d’emploi présentement, mais ça aide aussi d’autres qui ont encore moins que moi. Ils sont géniaux », disait-elle à propos des bénévoles.
Hausse alarmante
Du côté des Banques Alimentaires du Québec, on soutient que les demandes d’aide risquent de doubler rapidement. « En temps normal, on dessert environ 450 000 personnes par semaine. [...] On remarque déjà une hausse, on devrait maintenant desservir plus de 800 000 personnes par semaine », explique Claudia Gastonguay.
– Avec la collaboration de Pierre-Paul Biron, Roxane Trudel et Camille Dauphinais-Pelletier