Des étudiantes désemparées par la décision du ministre Roberge d’annuler la cote R
Des collégiennes craignent des conséquences importantes sur leur futur après la décision de ne pas calculer la cote R pour leur session hivernale et implorent le ministre de l'Éducation de faire marche arrière.
Au départ, un calcul qui incluait la session d’hiver et un autre n’en prenant pas compte devait être fait. La cote R la plus avantageuse aurait alors été celle prise en compte dans le dossier de l’étudiant.
Mais lundi, Jean-François Roberge a confirmé que « par souci d’équité pour tous les étudiantes et étudiants du Québec », les résultats de la session hivernale en cours ne seront pas calculés dans la cote R des étudiants.
« Ils n’auront peut-être même pas le futur qu’ils envisageaient. »
« La nouvelle décision n’est pas plus juste, exprime Emma Conte, étudiante au Cégep Lionel-Groulx. Il faut tout de même passer nos cours. On met les efforts, mais nous ne sommes pas récompensés. Le fait de ne pas avoir de cote R va peut-être retarder les buts de certains étudiants. Ils n’auront peut-être même pas le futur qu’ils envisageaient. »
Et elle n’est pas seule. Plusieurs membres de la communauté collégiale jugent que cette décision crée une nouvelle injustice. Des pétitions appuyées par des dizaines de milliers de personnes circulent et appellent le ministre à revoir sa décision.
« Pour moi et pour plusieurs étudiants, chaque session est déterminante, explique Mégane Charlot, instigatrice de la pétition Liberté aux étudiants de compter ou pas leur cote R et étudiante au Cégep de Terrebonne.
Même si on parle d’une augmentation de 0,3 à ma cote R, c’est ce qui pourrait me permettre d’entrer dans le programme que je désire. »
Dans d’autres cas, la deuxième session du parcours collégial, qui correspond pour certains étudiants à la session en cours, est celle qui leur permet de se reprendre et d’améliorer leur cote R après une arrivée au cégep plus difficile.
« J’ai fait beaucoup d’efforts pour avoir de bonnes notes»
«Les élèves en sciences de la nature qui veulent aller dans des programmes très contingentés ont besoin de cette cote R, illustre Hélène Chaput, enseignante en biologie au Cégep régional de Lanaudière. Ils travaillent fort pour l’avoir. À la deuxième session, ça va généralement mieux pour eux. Ils se sont habitués aux nouvelles exigences et leurs notes montent. Ils sentent que leur cote R va augmenter et qu’ils pourront compenser pour leurs résultats décevants de la première session. »
« J’ai fait beaucoup d’efforts pour avoir de bonnes notes» , souligne Gabrielle Evangeliste, une étudiante au Collège André-Grasset qui doit constamment mettre les bouchées doubles à l’école en raison de troubles d’apprentissage.
Elle juge que la mesure vient discréditer tout le travail qu’elle a accompli pendant la pandémie.
« En réussissant à faire mes études même pendant le confinement, je me sentais valorisé parce que la cote R comptait. Là, j’ai l’impression que tous les efforts que j’ai faits ne serviront à rien », dit-elle, visiblement déçue.
Pour d’autres, c’est leur cheminement scolaire postsecondaire en entier qui devra être revu à la suite de cette mesure.
« Je remets tout mon cheminement en question », laisse tomber Camille Côté, étudiante au Cégep de Sherbrooke. La jeune femme rêve d'accéder au programme de Droit à l'université mais la décision du ministre pourrait chambouler tout son parcours scolaire, voire même son avenir.
« Ce qui est apeurant dans tout ça, c’est que les gens avec qui je vais compétitionner pour une place dans le programme n’auront que deux cotes R dans leur calcul. Ils ont la chance de ne pas se planter et d’avoir une très forte cote R, mais ça va également dans l’autre sens », réfléchit-elle.
Pour ces étudiantes, la solution est simple : le choix de calculer ou non sa cote R doit leur revenir. Le ministre doit se rétracter.
Revoir son choix de carrière
« Une session, c’est quand même cinq mois de notre vie, plaide Mégane Charlot. Ceux qui n’auront pas la cote R requise pour entrer à l’université devront revoir leur cheminement scolaire, peut-être même leur choix de carrière. Pourquoi se priver du métier qu’on veut faire pour un autre dans lequel nous ne nous épanouirons pas totalement? »
« Il n’aurait pas fallu que le ministre revienne sur la décision initiale, croit l’enseignante en biologie. Il y aura peut-être de la sensibilisation auprès des universités pour qu’ils assouplissent leurs méthodes de sélection pour l’an prochain. Seront-elles prêtes à mettre tout ça sur pied pour une seule année? J’ai bien l’impression que ces pauvres élèves-là ont simplement perdu, et je suis bien triste pour eux. »