«Je pense qu’il va y avoir des dégâts» : l’après-COVID redouté par les organismes communautaires
Des organismes communautaires craignent que le déconfinement des prochaines semaines leur fasse perdre des bénévoles qui se sont portés volontaires depuis le début de la crise.
«J’espère que les gens vont continuer à être solidaires comme ils l’ont été, et que tout le monde ne va pas revenir à la normale comme si de rien n’était», explique Jonathan qui travaille pour l’organisme Pact de rue, à Montréal.
L'homme d’origine française redoute que les gens laissent ces engagements derrière eux à leur retour au travail, alors que pour les populations en difficulté, «il n’y aura pas de retour à la normale».
De 0 à 26 bénévoles
Avant la COVID-19, Jonathan faisait ses patrouilles seul dans le quartier Rosemont. Aujourd’hui, il est accompagné quotidiennement par au moins cinq bénévoles. L’organisme compte 26 volontaires pour ses distributions de repas aux populations les plus vulnérables.
Sur un circuit d’environ 2 kilomètres autour de la rue Masson, il distribue des repas à plusieurs endroits connus des itinérants comme un bloc de béton, les marches d’une église ou le recoin d’un bâtiment. Environ 35 repas sont distribués chaque jour, dans les quartiers Rosemont mais aussi Villeray, Saint-Michel ou Saint-Léonard.
Tout a changé
Selon Jonathan, «tout a changé depuis le début de la COVID». D'abord, la clientèle des organismes comme le sien n’est plus la même. «À la base, j’ai un mandat de sécurité de la jeunesse. Je travaille avec les gangs de rue», explique-t-il. La COVID a toutefois forcé les jeunes à se confiner à la maison. Dans la rue, les itinérants sont toujours présents, mais les passants, qui sont peu nombreux, sont craintifs à leur égard et n’osent pas leur donner de l’argent.
«Les personnes en situation d’itinérance ont la plus grande difficulté à pouvoir quêter. Et le peu qu’ils grapillent, c’est impossible de le dépenser puisque les magasins n’acceptent plus les espèces», explique Jonathan.
Les travailleurs de rue ont aussi vu leur rôle changer. Ils servent désormais de relais d’information pour les personnes en situation d’itinérance qui, souvent, n’ont pas d’accès aux nouvelles.
«Au début, quand on a commencé à prévenir les gens, on venait avec nos masques et ils se disaient : “mais qu’est-ce que vous faites? Qu’est-ce qui se passe?”», se rappelle Jonathan.
L’itinérance se déplace
Les travailleurs de rue remarquent aussi un déplacement de l’itinérance vers des quartiers éloignés du centre-ville, une conséquence de la présence policière et des amendes distribuées.
«C’est de la migration de l’itinérance. Les ressources se faisant plus occupées dans certains endroits, il y a une problématique d’hébergement.»