Directeur du SPVM: «Je reconnais qu’il y a du racisme systémique dans l’organisation»

MONTRÉAL | Le chef de la police de Montréal, Sylvain Caron, reconnaît qu’il existe du racisme systémique dans son organisation, mais croit que les incidents de profilage sont reliés à une infime proportion de policiers.
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«Je reconnais qu’il y a du racisme systémique dans l’organisation du SPVM», a déclaré sans détour M. Caron au «24 Heures», mercredi.
«Notre système dans lequel on évolue a besoin d’être revu, recadré, parce que ça permet aux policiers d’avoir des biais.»
«Comme organisme public, on a du travail à faire à cet égard. Il faut travailler à éviter toute disparité, toute forme de discrimination dans notre système», a affirmé le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Un rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), publié en juin dernier, estimait que le profilage racial et social sévissait au sein de la police montréalaise.
Interpellations et profilage
Mercredi, à l’occasion de la présentation de la première politique sur les interpellations policières, M. Caron a dit reconnaître «la problématique sociétale que représente le racisme systémique» et l’existence de «disparités dans les interpellations policières causées par des biais systémiques».
«Comme vous le savez je suis un policier de carrière et pour moi la discrimination n’a jamais eu sa place, ça va profondément contre mes valeurs et contre les valeurs du SPVM également», a insisté M. Caron.
En réponse aux questions des journalistes, le chef de police a mentionné que l’appartenance raciale n’est pas un motif d’interpellation. «On n’intervient pas auprès des gens parce qu’ils sont racisés», a-t-il dit.
«Les policiers interviennent parce qu’il y a des faits, il y a du contexte qui les amène à vouloir identifier des gens.»
«Clairement, il y a des incidents de profilage qui sont survenus par le passé», a-t-il néanmoins convenu. Mais, c’est le propre d’un très petit nombre d’agents, selon M. Caron, car «99 % des gens qui interviennent le font sans doute de bonne façon».
Plus que 1 %
Cette affirmation est problématique aux yeux de Lionel Perez, chef du parti municipal Ensemble Montréal.
«C’est pas le 1 % qui est problématique. C’est lorsque des personnes noires et arabes sont interpellées quatre fois plus, les personnes autochtones 11 fois plus: je m’excuse, ça prend plus que 1 % des policiers pour avoir ces chiffres.»
Selon un rapport indépendant commandé par le SPVM, dévoilé l’automne dernier, les personnes noires, arabes et autochtones étaient, respectivement, 4,2, 4,6 et 2 fois plus susceptibles d’être interpellées que les personnes blanches. Les proportions montaient à 5 fois plus et à 4 fois plus pour les jeunes noirs et arabes. Les femmes autochtones sont 11 fois plus à risque d’être interpellées que les femmes blanches.