Métro: délais supplémentaires pour le prolongement de la ligne bleue | 24 heures
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Métro: délais supplémentaires pour le prolongement de la ligne bleue

MONTRÉAL - L'échéancier des travaux de prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal sera repoussé alors qu'une lutte se dessine notamment entre les propriétaires des Galeries d'Anjou et la Société de transport de Montréal (STM).

«Effectivement, la contestation des expropriations entraîne des délais supplémentaires», explique un porte-parole de la STM, Philippe Déry. Ce dernier précise que des négociations ont lieu depuis plus d'un an avec Cadillac-Fairview et Ivanhoé Cambridge, copropriétaires des Galeries d'Anjou, puisque près de 70 000 mètres carrés du terrain du centre commercial doit être acquis par la STM pour le prolongement de la ligne bleue.

Le projet, qui comprend l'ajout de cinq nouvelles stations à l'est de la station Saint-Michel, est estimé à 4,5 milliards $. Les travaux pour rallonger de 5,8 kilomètres la ligne bleue du métro devaient débuter en 2021 pour se terminer en 2026. Un échéancier qui était serré selon l'aveu même de la STM.

La STM souhaitait finaliser l'acquisition des terrains du centre commercial au printemps 2020, montre le compte-rendu d'une rencontre qu'elle a eue avec Cadillac-Fairview en juin 2019. Impossible de connaître l'ampleur des délais supplémentaires pour le moment.

Commerces et stationnements en jeu

Les propriétaires des Galeries d'Anjou contestent les avis d'expropriation de la STM en Cour supérieure. L'expropriation de près de 2000 espaces de stationnement et la démolition de plusieurs commerces et restaurants implantés dans la communauté d'Anjou depuis des décennies sont au cœur du litige, selon des documents déposés en Cour supérieure par les avocats de Cadillac-Fairview et Ivanhoé Cambridge et consultés par le «24 Heures».

PHOTO COURTOISIE/STM

«[...] [T]out retard dans la réalisation du prolongement de la ligne bleue coûterait aux contribuables plusieurs millions de dollars mensuellement», peut-on lire dans ces mêmes documents.

La STM souligne dans les documents que les exigences d'exploitation d'une ligne de métro font en sorte que l'ensemble des nouvelles stations devront être opérationnelles en même temps. Il ne serait donc pas possible de mettre en fonction le prolongement de la ligne bleue du métro sans que la station terminale Anjou soit fonctionnelle.

Le transporteur fera entendre ces arguments en Cour supérieure devant la juge Chantal Corriveau les 16 et 17 septembre prochains. Cette dernière devra ensuite décider si la STM peut poursuivre ses procédures d'expropriation des terrains dans le secteur des Galeries d'Anjou.

250 cas problématiques

Selon le ministre des Transports du Québec François Bonnardel, 250 cas d'expropriations sont problématiques le long du tracé à Anjou, ce qui entraînera inévitablement des délais de livraison du projet.

«Vous avez de gros joueurs à Anjou qui ont décidé de contester [les avis d'expropriation]. Maintenant, est-ce que je peux vous assurer qu'il y aura des délais qui se prolongent pour la ligne bleue? Je crois que vous êtes capables de deviner la réponse», a expliqué mardi le ministre Bonnardel aux élus des partis d'oppositions lors de l'étude des crédits budgétaires 2020-2021.

Des citoyens d'Anjou sont mécontents

GUILLAUME PELLETIER/24 HEURES/AGENCE QMI

Plus d'une centaine de résidents d'Anjou ont participé jeudi soir à une consultation publique de l’arrondissement pour faire entendre leur mécontentement à l'égard du projet de prolongement de la ligne bleue, qui s'arrêtera dans le secteur.

Le maire de l'arrondissement d'Anjou, Luis Miranda, estime que la collaboration avec l'arrondissement a presque cessé depuis que le projet de prolongement du métro vers l'est de Montréal a été transféré de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) à la Société de transport de Montréal (STM).

GUILLAUME PELLETIER/24 HEURES/AGENCE QMI

«Il n'y a rien à faire avec la STM, on veut une rencontre avec le ministre des Transports, François Bonnardel [...]. On n'en veut pas de leur stationnement incitatif de 1200 places de 60 millions $ sur l’île», a déploré M. Miranda. Celui-ci s'est même dit prêt à louer des autobus pour se rendre à Québec rencontrer le ministre avec des citoyens.

Pourparlers difficiles

«Ça ne discute pas fort. C’est difficile de discuter avec des ingénieurs de la STM qui veulent construire un métro. Comme promoteur, on a présenté un plan avec une vision d’avenir pour l'ensemble de l’est de Montréal», a déploré la vice-présidente principale de l’est du Canada pour Cadillac-Fairview, Danielle Lavoie. L’entreprise est copropriétaire du centre commercial des Galeries d’Anjou, dont une partie du terrain est visée par l'expropriation.

Le restaurant Les 3 Brasseurs, situé sur le boulevard des Galeries-d'Anjou, fait partie des commerces visés par un avis d'expropriation. «Il y a 85 employés qui sont dans l'incertitude ici face à leur avenir. On ne sait pas quand on devra fermer», a dénoncé le directeur des opérations de l'entreprise pour l'ensemble du Canada, Jean-François Hernu.

Le projet de la STM comprend notamment l'aménagement d'un terminus d'autobus à ciel ouvert à proximité de la future station d'Anjou, ce qui amputerait les Galeries d'Anjou d'environ 2000 espaces de stationnement.

Des enjeux de sécurité à proximité de l'emplacement de ce terminus, où vivent plusieurs aînés, ont également été soulevés par des citoyens présents.

Ce genre de rencontre se fait rarement durant la période estivale, d'autant plus que les dernières séances du conseil d'arrondissement d'Anjou se sont tenues à huis clos afin de respecter les consignes de distanciation sociales en raison de la pandémie de COVID-19.