Plusieurs os déterrés par les marmottes au cimetière Notre-Dame-des-Neiges
MONTRÉAL – Le cimetière Notre-Dames-des-Neiges, à Montréal, est aux prises avec un nombre élevé de marmottes qui ravagent actuellement le site, allant jusqu’à sortir des ossements de la terre à certains endroits.
En se promenant dans ce grand cimetière situé sur l'un des versants du mont Royal, on peut observer à plusieurs endroits des ossements humains, à proximité de gros trous creusés par les marmottes. Les bêtes elles-mêmes ne sont pas difficiles à trouver.
«Ça n’a pas de bon sens... ce n’est pas respectueux pour les familles», a expliqué au 24 Heures une femme dont des proches sont inhumés au cimetière. Elle souhaitait préserver son anonymat pour éviter des représailles.
Pour appuyer ses dires, la femme a désigné un gros os ressemblant à un humérus et une clavicule qui jonchait le sol tout près d'un trou de marmotte devant la tombe d'un défunt dans le secteur Notre-Dame du cimetière, lundi. Celle qui vient au cimetière depuis 1959 dit n'avoir jamais assisté à une telle scène.
Vertèbre
L’équipe du 24 Heures a patrouillé dans le cimetière pour contempler l'étendue des dégâts. En trois visites, nous avons vu une dizaine de marmottes se promenant libres comme l’air dans plusieurs secteurs du cimetière et une vingtaine de trous près des pierres tombales.
La découverte la plus troublante a été celle d’une vertèbre près d’un arbre.
Pas nouveau
La présence de marmottes dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges n’est pas nouvelle, selon Daniel Granger, qui s’occupe des communications pour l'endroit.
«C’est une question de biodiversité. Il y en a partout sur le mont Royal, mais tu ne peux pas les chasser, les déplacer où les exterminer», a-t-il précisé. La situation peut donc s’avérer un véritable casse-tête pour les propriétaires du plus grand cimetière au Canada, alors que le site devient un véritable terrain de jeu pour les marmottes.
En effet, selon la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune du Québec, une personne ne peut tuer ou capturer un animal qui endommage ses biens, mais peut seulement lui nuire en bloquant son terrier ou en l’empêchant de recevoir de la nourriture.
Un employé du cimetière, qui a demandé à garder l’anonymat, a affirmé que des os sont effectivement retrouvés de manière «hors-norme» sur le terrain cette année en raison du réseau souterrain créé par le nombre «exceptionnellement élevé» de marmottes.
«Si nous ramassons des os, ils seront remis sous terre dans le même emplacement. Sauf que les marmottes refont des trous chaque jour, c'est donc à recommencer», a-t-il dit.
Des renards?
La multiplication du nombre de marmottes dans le cimetière pourrait s’expliquer par l’absence de renards, un prédateur important pour les rongeurs, d’après les informations fournies par la direction du cimetière.
«Cette année, nous n’avons vu aucun renard pour la première fois depuis longtemps, donc ça en résulte avec un surplus de marmottes», estime d'ailleurs l'employé.
Ailleurs
Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges ne semble pas être seul à mener ce combat: plusieurs médias américains rapportent des histoires de marmottes ayant créé un réseau souterrain et ramenant des restes humains à la surface.
«Ça fait quelques années que je suis dans le domaine, et je n’ai jamais entendu parler de marmottes qui sortaient des os de la terre», a toutefois souligné le président de l’Association des cimetières chrétiens du Québec, François Chapdelaine. Il gère notamment plus de 14 cimetières dans la région de Québec.
M. Chapdelaine a confirmé qu’avec la loi pour la protection de la faune, ce n’est pas si simple d’éviter une multiplication de marmottes sur un cimetière, et qu’elles peuvent causer d’importants dommages à certaines structures si elles décident de faire de longs couloirs souterrains.
Même s’il ne se considère pas comme un grand spécialiste de ce mammifère, celui-ci a précisé que la terre attire les marmottes et qu'ainsi, les cimetières ne sont pas à l’abri. «Au moins, elles ne se sortent pas vraiment la terre du sol, comme peut le faire un chien», a-t-il souligné.