Mettre les voiles au temps de la COVID-19
Pandémie ou pas, un couple de la région de Québec prendra le large à bord du voilier qu’il restaure depuis trois ans pour un voyage sans date de retour.
« Là où on va aller, avec la COVID, ce n’est pas important. Pour nous, l’essentiel, maintenant, c’est de vivre à bord », lance Cynthia Isabelle, copropriétaire du bateau avec son conjoint Keven Grondin.
Après trois ans de travail acharné, leur voilier Magtogoek prendra le large le 14 septembre.
Vers l’inconnu
Le couple souhaitait d’abord partir à l’automne 2020 pour faire le tour du monde. La crise de la Covid-19 est venue brouiller les cartes sans toutefois saborder le projet.
« Le plan pour le moment, ce serait de passer l’hiver en Nouvelle-Écosse et ensuite de s’ajuster en fonction de la situation internationale, explique Keven. Il ne faut pas juste rêver de tour du monde. Il faut rêver de petites navigations, de notre fleuve, de la beauté qui est près de nous. »
Pour les premiers jours de leur grande aventure donc, ils veulent se laisser porter par le vent et vagabonder dans les eaux du Saint-Laurent.
Rêver en duo
Tout a commencé avec un coup de foudre en 2017.
Ensemble depuis un mois à peine, le couple a décidé d’acheter un voilier d’acier tout rouillé, laissé pour 20 000 $. Ils l’ont baptisé Magtogoek, le nom algonquin du Fleuve Saint-Laurent, qui signifie « le chemin qui marche ».
« C’est pour rendre hommage à notre fleuve », fait valoir Cynthia.
Ils avaient d’abord estimé la durée des rénovations à deux ou trois mois jusqu’à ce que le bateau se mette à couler au moment de sa première mise à l’eau.
Le couple a alors saisi l’ampleur du travail qui les attendait.
« Y’a un monsieur qui m’a dit : [ le voilier ] va te coûter 100 000 $, ça va te prendre un an à réparer et tu vas finir séparé. Ben finalement, ça nous a pris trois ans, ça nous a coûté 50 000$ mais on s’aime plus que jamais ! » ironise Keven.
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Vivre en marge
Pendant trois étés, le couple a travaillé sans relâche au chantier naval, situé à Saint-Vallier, dans Bellechasse. Ils habitaient à bord du voilier, au beau milieu des rénovations.
Les amoureux ont confié s’être parfois découragés devant la montagne de réparations.
« C’est sûr qu’on a eu nos moments plus difficiles, on se disait : "crime, on va tu l’avoir?" On a dû refaire deux trois fois les mêmes étapes, comme l’étanchéité des hublots, par exemple, parce que c’était notre première fois qu’on faisait ça », détaille Cynthia.
Course contre la montre
À la mi-août, le voilier était enfin prêt à prendre le large. Mis à l’eau dans la rivière des Mères, près du chantier, le bateau a profité des grandes marées d’août - qui ne durent que quelques jours par année - pour flotter et se détacher de la remorque.
« À son plus haut, la marée dure environ trente minutes. Ça nous laisse peu de temps pour sortir de la rivière sans qu’on risque de s’échouer », précise Keven.
Sorti avec succès, Magtogoek s’est ensuite rendu à Saint-Michel-de-Bellechasse, le village d’à côté, sous les cris de joie de supporteurs du coin venus admirer le voilier. Il y sera amarré trois à quatre semaines, le temps d’y finir quelques réparations de dernière minute avant le grand départ.
« On ne veut pas rester à quai trop longtemps. On a hâte de prendre le large, on a envie d’avoir de l’eau salée dans la face », laissent tomber Keven et Cynthia, impatients de partir le 14 septembre prochain.
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