Origines et impacts sur le Québec: la loi 101 pour les nuls

Le 26 août 1977, le Parti québécois (PQ) de René Lévesque adopte la Charte de la langue française, communément appelée loi 101, que le gouvernement de François Legault souhaite réformer en profondeur au début de l'année 2021.
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Retour sur les origines de cette loi phare dans l'histoire du Québec et sur ses impacts dans la société québécoise d'hier et aujourd'hui.
Loi 63 et Loi 22
Bien avant l'adoption de la Charte de la langue française, des débats linguistiques ont fait rage au Québec.
1969
L’Union nationale adopte la Loi 63 qui donne un accès illimité à l'enseignement en anglais au Québec. Très impopulaire, la loi contribue à la disparition de la formation politique et à l'essor du PQ, explique l'historien Éric Bédard.
1974
Le gouvernement libéral de Robert Bourassa adopte la Loi 22 qui fait du français la langue officielle du Québec. «C’était audacieux, parce que le gouvernement fédéral avait adopté la Loi sur les langues officielles, en 1969», note l’historien.
La loi rend les écoles anglophones accessibles qu'aux enfants qui maîtrisent la langue. La Loi 22 est critiquée tant par les anglophones, qui la trouvent discriminatoire, que par les francophones, qui trouvent qu'elle ne va pas assez loin.
1977
Arrivée au pouvoir en 1976, le gouvernement de René Lévesque souhaite régler le débat sur la langue «une bonne fois pour toutes». C'est ainsi que le 26 août 1977, la Charte de la langue française est adoptée à l'Assemblée nationale, avec comme pilier l'éducation et l'affichage commercial en français.
La loi 101 est majoritairement bien accueillie par les Québécois francophones heureux de pouvoir «passer à un autre sujet».
C'est à Camille Laurin, qui était ministre d’État au Développement culturel dans le gouvernement Lévesque, que l'on doit cette loi, certainement la plus controversée de l'histoire du Québec.
Depuis son adoption, la loi 101, qui continue de susciter la controverse, a fait l'objet de nombreuses contestations judiciaires.
C'est l’Office québécois de la langue française (OQLF) qui est chargé de l’application de la Charte, qui fait du français la langue de l’État, de l’enseignement, du commerce, des affaires et du travail.
Impacts de la loi 101
Après son adoption, la Charte a eu des répercussions directes dans la vie des Québécois.
Éducation
En 1972, la commission Gendron de 1972 démontre que le trois quarts des nouveaux arrivants envoient leurs enfants à l’école anglaise.
En faisant du français la langue d'enseignement, la loi 101 restreint l'accès à l'enseignement en anglais au Québec. Seuls les enfants de parents ayant fréquenté le réseau scolaire anglophone peuvent fréquenter l’école publique en anglais au primaire et au secondaire.
Affichage
La loi 101 stipule que le français doit être prédominant dans l'affichage commercial, tout en permettant l'utilisation d'une autre langue (si la présence du français est suffisante), ce qui a changé le visage de Montréal.
«Le constat des années 50-60, c’est que Montréal avait un visage beaucoup trop anglophone», insiste Éric Bédard.
La Charte a-t-elle nui au mouvement indépendantiste?
Certains indépendantistes croient que l'adoption de la loi 101 pourrait avoir nui à la souveraineté du Québec, mentionne l'historien.
«En procurant une sécurité culturelle aux Québécois francophones, peut-être certains se sont dit "Pourquoi faire l’indépendance alors qu'on a une loi comme ça pour nous protéger. Est-ce vraiment nécessaire de quitter le Canada".»
Quels impacts aujourd'hui?
Les enfants de la loi 101
Grâce à l'adoption de la Charte, de nombreux enfants d’immigrants, qui ont fréquenté le réseau scolaire francophone, s'expriment aujourd'hui en français.
L'anglais à Montréal
La loi 101 pourrait également avoir contribué à limiter la présence de l'anglais sur l'île de Montréal, lui permettant de demeurer une métropole majoritairement francophone, croit l’auteur de L’Histoire du Québec pour les nuls.
Pourquoi la CAQ souhaite-t-elle modifier la loi 101 ?
Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a été mandaté par le premier ministre François Legault pour réformer la Charte de la langue française.
Pourquoi?
- Parce que l’Institut de la statistique du Québec a révélé que la majorité des entreprises de l’île de Montréal exige désormais des compétences linguistiques en anglais à leurs futurs employés.
- Parce qu'une enquête du Journal a récemment démontré que le français est en recul au centre-ville de Montréal.
Le ministre Jolin-Barrette présentera sa mise à jour de la loi 101 cet hiver.