Enfreindre les lois et préserver sa santé mentale | 24 heures
/mtl-news/news

Enfreindre les lois et préserver sa santé mentale

Certains Québécois préfèrent aller à l’encontre des mesures pour se sentir mieux

Image principale de l'article Enfreindre les lois et préserver sa santé mentale
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Besoin de contacts sociaux ou d’apaiser leur santé mentale : des Montréalais qui avaient respecté le 1er confinement enfreignent maintenant les règles sanitaires afin de retrouver un peu de normalité dans cette 2e vague. 

« Par mois je pense que je vois une trentaine de personnes. C’est sûr que je n’irais jamais voir ma grand-mère, mais je continue de voir des gens qui ne sont pas à risque. C’est impossible de rester comme ça à ne voir personne », soutient un jeune homme âgé de 23 ans, croisé sur la rue Sainte-Catherine.

Depuis le 1er octobre, seules les personnes vivant seules ont le droit de recevoir une personne chez eux. Tous les autres rassemblements privés intérieurs ou extérieurs, comme les soupers entre amis, sont interdits.

De nombreux Québécois interrogés par Le Journal ont avoué ne plus respecter certaines consignes du gouvernement, notamment à cause du manque de contacts sociaux. Ils ont préféré ne pas être nommés dans cet article par peur de représailles.

L’ensemble des citoyens rencontrés ont toutefois indiqué avoir respecté à la lettre le premier confinement, qui avait débuté au mois de mars. Mais après avoir gouté à un semblant de normalité durant l’été, le retour à la distanciation sociale était difficile selon eux.

Discours contradictoires

« Au printemps, je ne voyais plus personne. J’étais seule chez moi avec mon enfant et mon conjoint, et je pleurais presque tous les jours. C’est après cet été que j’ai décroché, parce que certaines mesures ne font plus de sens pour moi », explique une mère de famille montréalaise de 38 ans, qui invite plusieurs fois par mois des amis à souper.

Selon elle, laisser les centres commerciaux ou les entreprises ouverts, mais fermer les gyms ou interdire les soupers entre amis est contradictoire, ce qui la conforte dans son choix de ne pas tout respecter.

Et selon Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue clinicienne et professeure associée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), les discours contradictoires du gouvernement sont justement l’un des facteurs de ce relâchement.

« En fait, moindrement que l’on a l’impression qu’il y a une incohérence ou un doute, je vais flancher beaucoup plus facilement », explique-t-elle.

Frustrations

D’autres facteurs pèsent aussi dans la balance, indique la psychologue. 

« D’abord, ça s’étire dans le temps, donc ça fait 8 mois que nos besoins psychologiques, comme les besoins sociaux, sont frustrés et ça devient épuisant, explique-t-elle. [...] Ensuite, il y a aussi l’effet vaccin. Comme on a l’impression qu’il s’en vient [bientôt], on se dit qu’il n’y a pas trop de risque et que la pandémie va se régler dans quelque temps. »

De son côté, François Richer, neuropsychologue et enseignant au département de psychologie de l’UQAM, explique le déconfinement de l’été a aussi joué son rôle, puisqu’il a amené trop de bonheur et de plaisir.

« Comme les gens ont connu le premier confinement, ils ne veulent pas y retourner. En fait, c’est un peu comme un prisonnier qui doit retourner en prison», ajoute le neuropsychologue. 

Des relâchements prévisibles?

Selon un récent sondage réalisé par l’institut national de santé publique du Québec, les Québécois risquent de se relâcher de plus en plus au fil des mois si les mesures sanitaires restent en place. 

Pour 43 % des Québécois, il sera « très difficile » de suivre les mesures si elles doivent s’étirer encore deux-trois mois. 

Ils sont même 58 % à penser la même chose pour un prolongement de six mois

À lire aussi

Vous pourriez aimer

En collaboration avec nos partenaires