Abracadabra, le campement n'est plus là!

Le campement de fortune qui était installé le long de la rue Notre-Dame dans Hochelaga avait été complètement démantelé mardi matin.
Mardi matin, j'ai croisé quatre policiers à vélo sur la piste cyclable de la rue Notre-Dame, qu’ils patrouillaient peut-être à l’affût d’éventuels récidivistes de la tente qui voudraient y replanter leurs piquets. Bien sûr, il n’y avait plus personne.
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Le coup de force de lundi a fait place nette ou, plutôt, place vide. Pour quiconque s'était habitué à l’échevelé petit campement de fortune qui peuplait les abords du carré Dézéry dans Hochelaga depuis plusieurs mois, cette absence est frappante.
Seul le crottin de la cavalerie un peu partout sur le terrain témoigne de la vaste opération policière qui a eu lieu.
Rien à voir
Non loin d’une toilette chimique Sanivac jetée par terre sur le côté, il restait mardi quelques détritus, que la Ville laissera peut-être l’hiver enfouir, pour avoir le plaisir de le redécouvrir au printemps des artefacts aussi hirsutes et invraisemblables.
Notamment : un exemplaire du Nouveau Testament, le volume des lettres F à PR du Dictionnaire historique de la langue française de feu Alain Rey et un essai intitulé Le Point G, éparpillés entre des capsules de rasoirs Gillette, une boîte de grille-pain, un ventilateur, des pots de pilules et, allez savoir pourquoi, un cône orange.
Un homme passait par là en même temps que moi, visiblement, lui aussi, à des fins de pèlerinage post-démantèlement. Son visage m’était familier. Je pense l’avoir vu pendant le branle-bas de l’éviction parmi les protestataires. Il semblait de mauvaise humeur. Sur place, il a pris le temps de voir qu’il n’y avait rien à voir, puis il est parti.
Disparition
Les sigles de peinture rouge tracés la veille sur le gazon par les pompiers, qui étaient protégés par une armada de policiers, étaient toujours visibles. Ces numéros ont servi à marquer les tentes vides ou abandonnées ou, lorsqu’elles étaient habitées, les affaires des uns et des autres pour les stocker dans des conteneurs correspondants.
Lundi matin, tandis que j’étais cantonné dans un enclos médiatique en bordure du campement, loin de l’action, avec mes collègues de la télévision, je m’étais beaucoup intéressé à cette « logistique ».
La semaine dernière, au sujet des campeurs préparés à traverser l’hiver, je disais que leur entêtement, très visible, obligeait tout le monde à penser à eux, à tenir compte d’eux, y compris les élus.
Ce « camping » impossible à ignorer allait agir comme un super-lobbyiste médiatique permanent pendant la saison froide. Mais un incendie et un démantèlement plus tard, voilà tout ce beau monde rendu à sa relative invisibilité. Quant aux millions promis, resteront-ils maintenant de pures promesses ? Peut-être. Loin des yeux, loin du portefeuille...
Eh oui, cette chronique finit mal. Désolé.