L’Accueil Bonneau supprime 11 postes d’intervenants pour embaucher des agents de sécurité | 24 heures
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L’Accueil Bonneau supprime 11 postes d’intervenants pour embaucher des agents de sécurité

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CAMILLE LALANCETTE/24 HEURES/AGENCE QMI

L’Accueil Bonneau vient de supprimer 11 postes d’intervenants pour embaucher davantage d’agents de sécurité pour «maintenir l’ordre».

L’annonce a été faite mercredi. Ce sont six postes permanents du centre de jour et cinq temporaires de la halte-chaleur du Vieux-Port qui ont été supprimés par l’organisme. Des agents de sécurité seront embauchés pour «maintenir la sécurité des usagers et des bénévoles».

Les employés bouleversés 

Jeff Begley, le président de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, qui représente les employés de l’organisme, s’est dit déconcerté par l’annonce. Il reproche à l’organisme d’avoir pris cette décision «sans dialogue». 

«Ç'a bouleversé les membres du syndicat. Ç’a été la consternation généralisée parmi les intervenants», indique-t-il.

Le syndicat dit d’ailleurs regarder toutes les avenues possibles pour suspendre temporairement cette décision et souhaite établir un dialogue avec la direction. Une rencontre pour déterminer les prochaines actions est prévue vendredi avec l’ensemble des intervenants. 

«On est déjà en train d’interpeller les autorités», ajoute M. Begley, soulignant que certaines étapes restent encore à être précisées.

Décision importante 

Selon une note interne signée par la directrice générale Fiona Crossling et dont le 24 heures a obtenu copie, l’Accueil Bonneau appuie cette décision sur une réflexion «ayant été accélérée par la situation pandémique» et prise après des commentaires d’intervenants indiquant que le modèle de la halte-chaleur «ne permet pas d’assurer un service d’intervention convenable».

«Depuis quelques années, nous constatons de nombreux changements quant aux besoins en itinérance. L’Accueil Bonneau a donc entamé, en 2020, une analyse approfondie qui nous a permis de mieux préciser le portrait actuel de l’itinérance et a mis en lumière la nécessité d’actualiser notre modèle d’intervention. Le modèle actuel ne fonctionne pas et freine nos efforts à réaliser notre mission», a fait savoir par courriel Claude Vigneault, directeur exécutif chez l’Accueil Bonneau.

L’Accueil Bonneau dit vouloir ajuster son modèle d’intervention pour recentrer ses ressources. Selon M. Vigneault, toutes les personnes concernées ont été appelées à se repositionner dans l’organisation ou à rester sur la liste de rappel. 

«Évidemment, ce genre de décision importante comporte son lot de défis et de changements qui sont parfois difficiles sur le plan humain et nous demeurons à l’écoute de nos employés au cours de cette période. Nous souhaitons développer le nouveau modèle d’intervention en collaboration avec nos employés», ajoute-t-il.

Ce processus devrait d’ailleurs se faire d’ici le 25 janvier prochain, selon la lettre obtenue par le 24 heures.

Dans la lettre distribuée aux employés, la directrice générale de l’Accueil Bonneau se dit «optimiste à l’idée d’entamer des discussions» avec les membres du syndicat.

Empirer la situation 

Le tout survient alors que le nombre de personnes en situation d’itinérance dans les rues de la métropole a monté en flèche depuis le début de la pandémie. D’après M. Begley, la décision d’embaucher plus d’agents de sécurité va à l’encontre des besoins et du travail que faisaient les intervenants.  

«C’est des intervenants qui ont de l’expérience, qui sont vraiment sur le terrain, explique-t-il. Quand on coupe ces postes-là en pleine pandémie, il y a une très grande préoccupation quant aux impacts [de cette décision] sur les sans-abri. Déjà, c’est tout un défi avec le couvre-feu, c’est tout un défi aussi de donner des services l’hiver. Le monde est très inquiet.»

M. Begley s’explique mal la décision du refuge d’embaucher des agents de sécurité. Il a déjà travaillé avec les personnes en situation d’itinérance, et croit que cela pourrait créer de la méfiance chez cette clientèle aux besoins pourtant criants depuis les derniers mois. 

«On l’a vu dans le démantèlement du camping Notre-Dame où les intervenants de l’Accueil Bonneau étaient présents. Le monde nous a dit: c’est des décisions qui sont complètement déconnectées du terrain. C’est encore ça avec la décision de l’Accueil Bonneau et ça vient empirer la situation», conclut M. Begley.

La halte-chaleur avait été inaugurée en novembre dernier au Grand quai du Vieux-Port. Elle devait permettre aux itinérants de se réchauffer alors que de nombreux lieux publics sont fermés en raison de la pandémie de COVID-19.