Poing levé: «L'éviction de mon voisin m'a rendu folle»
L'hiver est déjà rude, alors imaginez vous faire mettre à la porte par -10°C. Récemment, une résidente du Plateau-Mont-Royal a rendu virale l’éviction d’un voisin de son appartement, il y a quelques semaines. Révoltée, elle prend la parole dans Poing levé, la nouvelle série du 24 heures.
«Ça m’a rendue folle», laisse tomber Claudia Leduc, une résidente du Plateau-Mont-Royal. Le 14 janvier dernier, la Montréalaise a assisté, impuissante, à l’expulsion d’un locataire voisin de son appartement.
Lit, étagères, cartons, tout le contenu de l’appartement s’est retrouvé sur le trottoir, un samedi matin d’hiver, avec des températures glaciales.
Un huissier et une équipe de déménageurs ont ensuite tout chargé dans un camion avant de l’acheminer dans un stockage de la Ville, explique Claudia Leduc.
«Branle-bas de combat»
«Il y avait tout un branle-bas de combat sur le trottoir en face de chez nous, décrit-elle. Ç'a duré des heures, ç'a bloqué la rue».
Elle-même engagée auprès d’un collectif de citoyens du quartier, elle décide de prendre deux photos et d’en faire une publication sur Facebook. Avec plus de 400 partages et 200 commentaires en quelques jours, elle n’est visiblement pas la seule à être révoltée par cette situation.
Les lois québécoises sont à réadapter dans un contexte de flambée des prix de l’immobilier, fait-elle valoir. La citoyenne engagée sur le front du logement propose des solutions concrètes.
Gel des évictions
«On veut un registre des baux pour que les locataires puissent connaître les augmentations de loyer» lors d’un changement de titulaire du bail, réclame-t-elle.
Elle évoque aussi un gel des évictions en hiver, de novembre à mars, un peu comme le modèle français.
«Les locataires, on est vraiment à risque en ce moment, déplore Claudia Leduc. On devrait pas évincer l’hiver et surtout pas en temps de COVID».
MISE À JOUR :
Au lendemain de la publication de notre entrevue «Poing levé», le 24 heures a constaté que l’appartement dont le locataire a été évincé a été remis en vente au prix de 1 350 000 dollars. Une décision du tribunal administratif du logement datant du 23 décembre a permis l’éviction du locataire. On y apprend que le locateur a demandé l’éviction du locataire après un retard de paiement. En juin 2020, le logement avait changé de propriétaire et le locataire avait fait émettre un mandat postal pour payer son loyer au nom de l’ancienne locatrice. « Le locataire refuse de payer le loyer au locateur sous prétexte qu’il ne le reconnaît pas comme tel », mentionne la décision du tribunal.