Il y a un urgent besoin pour des «vrais cours» d'éducation sexuelle dans les écoles du Québec | 24 heures
/panorama

Il y a un urgent besoin pour des «vrais cours» d'éducation sexuelle dans les écoles du Québec

Image principale de l'article Besoin de «vrais cours» d'éducation sexuelle
Photomontage Marilyne Houde

Depuis le début des années 2000, le gouvernement compte sur les profs du Québec pour passer des notions d’éducation sexuelle à leurs élèves à travers le contenu des autres cours. Parler de condoms entre deux règles de grammaire, c’est pas évident, et pourtant on ne semble pas près d’instaurer des cours consacrés à ce sujet et donnés par des professionnels. 

• À lire aussi: Perdre ses milliers d'abonnés Instagram d'un seul coup

• À lire aussi: Quand les algorithmes confondent pornographie et pédagogie

«On est dûs pour une refonte du programme en général. Une chose qui est certaine : le cours d’éducation à la sexualité doit être donné par des professionnels», mentionne la députée Christine Labrie, responsable en matière d’éducation pour Québec solidaire, qui croit que davantage d’heures devraient être consacrées au sujet.  

Photo Simon Clark

Ses homologues des autres partis d’opposition sont d’accord : les cours d’éducation à la sexualité sont pertinents, mais le programme actuel n’est pas adéquat.  

«En ce moment, c’est vraiment un échec. C’est une bonne chose que l’éducation à la sexualité revienne dans les écoles, mais encore faut-il que ce soit fait correctement», affirme la députée péquiste Véronique Hivon.   

«Il serait temps de s’assurer de la formation des enseignants et voir si ce n’est pas possible d’avoir une aide externe [intervenant ou sexologue] pour leur prêter main-forte», indique pour sa part la libérale Marwah Rizqy, même si elle estime qu’il n’y a pas urgence d’agir dans un contexte où les écoles doivent avant tout gérer les impacts de la pandémie.  

Photo d’archives, Simon Clark

Silence du ministre 

Impossible de savoir si le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge partage ces préoccupations : il n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevues.  

Le ministère s'est contenté de nous dire que les contenus sont obligatoires tant au primaire qu’au secondaire et qu’ils sont «mis à jour en continu et s’appuient sur la littérature la plus à jour sur le sujet». 

Les profs sont mal outillés et manquent de temps 

Depuis 2018, un programme d’éducation sexuelle plus précis, d’une durée de 5 à 15 heures et incluant des notions sur les agressions sexuelles, doit être dispensé chaque année autant au primaire qu’au secondaire.  

Il peut être difficile de trouver ce temps. «On n’a pas 15 heures à donner», qu’on soit en pandémie ou pas, insiste une enseignante de la Rive-Sud de Montréal, qui a préféré conserver son anonymat.  

• À lire aussi: 10 comptes instagram qui parlent de sexualité sans tabou

Le programme varie aussi d’une école à l’autre : certains centres de services offrent plus d’outils à leurs enseignants, comme des formations, mais le tout reste sur une base volontaire.  

Et les notions qui visent à prévenir des agressions sexuelles sont louables, mais peuvent créer des situations difficiles à gérer.  

«Si on a un élève qui dévoile [ce qu’il a vécu], on nous dit de l’envoyer chez la psychologue. Mais [les psychologues] ne sont pas toujours dans l’école», explique une enseignante en 5e année du primaire, Nathalie Raymond.   

De plus, ce ne sont pas tous les enseignants qui sont à l’aise de discuter de sexualité avec leurs élèves. Ceux-ci ne sont pas tous à la même place, puisque le contexte sociofamilial n’est pas le même.  

«On nous a fourni un contenu assez détaillé. Mais d’avoir un encadrement pour nous dire quoi répondre dans certains cas, d’avoir une infirmière avec nous dans la classe, ça serait l’idéal», explique Mme Raymond, qui cumule 25 ans d’expérience.   

Des organismes prêts à aider 

Pour Véronique Hivon, il faut mieux soutenir les écoles et les enseignants sur cet enjeu, alors qu’ils en ont «déjà beaucoup sur les épaules». Plusieurs organismes spécialisés seraient prêts à contribuer, alors qu’ils ne sont pas nécessairement mis à contribution comme ils pourrait l’être, précise-t-elle.   

Photo d'archives, Simon Clark

D’ailleurs, des dizaines d’organismes sont réunis dans le regroupement ÉduSex, qui revendique une meilleure éducation à la sexualité au Québec. On peut signer leur pétition et s’informer de leur mission sur leur site web.  

La petite histoire des cours d’éducation à la sexualité dans les écoles du Québec       

  • Des années 1980 jusqu’au début des années 2000, le cours Formation personnelle et sociale abordait l’éducation sexuelle.     
  • Depuis le début des années 2000, il n’y a plus de cours dédié à l’éducation à la sexualité : ces notions sont véhiculées par une variété d’interventions du personnel scolaire.    
  • Depuis 2018, un programme obligatoire de 5 à 15 heures abordant différents thèmes est prévu, autant au niveau primaire que secondaire, toujours sans cours spécifiquement dédié.     

À voir aussi sur le 24 heures:  

s

s

s