À 19 ans, elle se sent déjà plus chez elle dans son camion que son appart

Mell Cyr ne correspond vraiment pas à l’image qu’on se fait d’une personne qui conduit un camion. Elle a seulement 19 ans et se sent déjà plus chez elle dans son truck que dans son appartement, nous a-t-elle raconté avec un grand sourire.
La jeune camionneuse de chez Marchal Transport, à Saint-Agapit, en Chaudière-Appalaches, venait tout juste d’obtenir son permis de la classe 1 quand on l’a accompagnée sur la route.
Lors de notre immersion, elle a commencé par nous faire faire un petit tour guidé de sa «maison» sur roues, qui comprend un mini-frigo, un four à micro-ondes, un lit double, une armoire et des prises électriques.
«[À Drummondville], j’ai juste une chambre. Je ne l’ai pas décorée, c’est impersonnel. Je ne me sens pas chez nous. Tandis qu’ici, ce sont mes affaires. Je suis toute seule, je n’ai personne pour me déranger. Le soir je suis dans mon lit tranquille», décrit-elle.
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Transporter 46 tonnes de bois
Le jour où on l’a accompagnée, Mell Cyr commençait son quart de travail à 8h. Elle est montée dans son camion Peterbilt orangé direction Hawkesbury, en Ontario, où elle allait déposer 46 tonnes de bois. Sur le chemin, elle allait être confrontée à l’ennemi de tout camionneur : la Métropolitaine, enneigée en ce 16 février.
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Mais tout s’est bien passé, et arrivée à destination, elle a détaché les appareils d’arrimage qui tenaient le bois en place. Du haut de ses 5 pieds 4 pouces, elle doit sauter sur sa barre de métal pour réussir. Elle l’avoue : pour être camionneuse, il faut être manuelle et débrouillarde.
Mais elle l’est : une heure après être arrivée à Hawkesbury, elle repartait pour Montréal, où elle allait charger des tonnes de bardeaux.
Une enfance à la campagne
Mell a vécu son enfance à la campagne, où elle a rapidement développé un intérêt pour «les gros moteurs et les affaires qui font du bruit». L’an dernier, son ex-copain camionneur l’amenait avec elle et lui apprenait le métier. Depuis, celle qui pensait être travailleuse sociale désire vivre de ce métier atypique, où les jeunes femmes sont plutôt rares.
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Sa carrière dans cette industrie en est à ses débuts, mais elle y voit déjà des éléments motivants.
«Ça m’aide dans mes faiblesses parce que j’ai de la misère à vivre dans l’inconnu», dit-elle. «Faire du camionnage, ça me permet de sortir de ma zone de confort.»
Apprendre à vivre avec la solitude
Elle apprend aussi à vivre avec les difficultés du métier. «Il faut que tu vives bien avec ta solitude. Si tu n’es pas capable de faire ça, tu vas trouver le temps long», avoue-t-elle.
Pour contrer la solitude, Mell s’est trouvé des trucs. Elle allume la radio et fredonne les airs qu’elle entend, ou sinon, elle parle au téléphone avec ses amis et collègues.
Si elle est en mesure de concilier une éventuelle vie familiale avec son travail, Mell Cyr compte bien continuer à conduire des camions pour un bon bout de temps.