4 pistes de solution pour lutter contre les féminicides

En 2021, 26 femmes ont été assassinées au Québec, le chiffre le plus élevé depuis 2008.
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Comment faire pour prévenir les féminicides? Voici des pistes de solution.
1. Donner plus d’argent aux ressources d’aide
Les maisons d’hébergement pour les femmes qui fuient la violence conjugale refusent des milliers de demandes chaque année parce qu’elles n’arrivent pas à fournir.
Pourtant, ces ressources, tout comme les lignes d’écoute ou les services de clavardage, sont cruciales pour les personnes qui doivent rapidement se sortir d’une situation dangereuse avant qu’elle dégénère davantage.
«Les ressources ont de la difficulté à répondre à toutes les demandes. C’est un manque de financement», déclare la directrice générale de SOS violence conjugale, Jocelyne Jolin.
La députée de Québec solidaire Christine Labrie propose carrément qu’une ligne provinciale de référence pour les auteurs de crimes violents soit mise en place.
2. Financer plus de logements sociaux
Une femme qui fuit un conjoint violent doit pouvoir se reloger de façon permanente, ce qui peut être compliqué avec la crise du logement et le prix des loyers qui est élevé, surtout pour une personne seule. Le financement de plus de logements sociaux pourrait donc être une piste de solution.
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«Le logement social, c’est un élément qui est important à considérer et c’est extrêmement difficile à développer, ça ne se fait pas massivement, mais ça fait une différence pour les femmes», assure Mme Jolin.
Le 3 mars dernier, Christine Labrie a d’ailleurs demandé au gouvernement Legault d’investir dans les logements abordables pour cette raison.
3. Éduquer par la pub
Des publicités qui encouragent les femmes à consulter et à dénoncer les mauvais comportements de leurs proches pourraient aider à lutter contre la violence faite aux femmes.
«Ça signifie à l’ensemble de la population qu'il existe des ressources», souligne Mme Join, qui croit que plus les gens en savent sur le phénomène, mieux ils sont outillés pour y faire face.
Elle croit aussi que l’entourage peut jouer un rôle important en dirigeant une amie vers une ressource ou en lui offrant du soutien.
Les pubs peuvent par exemple aviser les femmes que le moment de la rupture est le plus dangereux dans les histoires de violence conjugale, explique Mme Jolin. «Le conjoint perd le contrôle, et c’est précisément cette perte de contrôle qui les rend agressifs», analyse-t-elle.
4. Nommer les choses clairement
Nommer les choses clairement peut aider à cerner une réalité et à lutter contre celle-ci. Le terme «féminicide» prend sa place dans le vocabulaire médiatique, ce qui est en soi une marque d’éveil à la situation.
«Ça démontre que c’est une violence dirigée envers les femmes. C’est pourquoi c’est important d’utiliser les bons mots pour décrire cette réalité-là», dit Mme Jolin.
Le premier ministre François Legault n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les meurtres de femmes survenus cette année.
«Ça n’a pas de bon sens! [...] qu’on vive comme des barbares, on est dans une société civilisée et toutes les femmes et les enfants ont le droit de vivre dans des milieux sécures [sic]», a-t-il dit en conférence de presse le 3 mars.
Une période de l'année a contribué à ouvrir les yeux de la classe politique et la population du Québec: les mois de février et mars, lors desquels sept femmes ont perdu la vie en moins de deux mois. Malheureusement, la tendance est restée élevée jusqu'à la fin de l'année.
Les sept femmes qui ont perdu la vie en moins de deux mois au Québec
Elisapee Angma, 5 février
Elisapee Angma, une mère de quatre enfants de 44 ans, a été assassinée par son ex-conjoint Thomassie Cain à Kuujjuaq. Ce dernier s'est possiblement enlevé la vie après son geste.
Marly Édouard, 21 février
Marly Édouard a été tuée d’une balle dans la tête et retrouvée dans le stationnement de son condo à Laval. Deux jours plus tôt, la femme de 32 ans avait signalé aux policiers avoir reçu des menaces de mort de la part d’un proche.
Nancy Roy, 23 février
Nancy Roy, 44 ans, a été poignardée dans son appartement de Saint-Hyacinthe. Son ex-conjoint Jean-Yves Lajoie a été accusé de meurtre non prémédité et comparaîtra devant les tribunaux.
Myriam Dallaire et Sylvie Bisson, 2 mars
Sylvie Bisson, 60 ans, ainsi que sa fille de 28 ans, Myriam Dallaire, ont été brutalement massacrées à la hache dans leur résidence de Sainte-Sophie dans les Laurentides. L’ex-conjoint de cette dernière, Benjamin Soudin, a été formellement accusé de meurtre non prémédité le 20 mars dernier.
Nadège Jolicœur, 19 mars
Dans le quartier de Saint-Léonard, Nadège Jolicœur a été poignardée à mort dans le taxi de son conjoint, Enok Fenelon, avant que celui-ci ne s’enlève la vie. La mère de 40 ans laisse dans le deuil ses cinq enfants.
Carolyne Labonté, 18 mars
Après quelques semaines d'enquête à la suite du décès inexpliqué de Carolyne Labonté le 18 mars, la dame de 40 ans a été déclarée victime d'un homicide. Son conjoint, Éric Levasseur, a été arrêté le 12 avril et a comparu le lendemain sous une accusation de meurtre au second degré en lien avec le décès de sa conjointe dans Charlevoix.
Rebekah Harry, 23 mars
Rebekah Harry, 29 ans, a succombé à ses blessures le troisième jour de son hospitalisation après avoir été sauvagement battue par son conjoint, Brandon McIntyre, 32 ans, dans un appartement de l’arrondissement de LaSalle à Montréal.
Kataluk Paningayak-Naluiyuk, 25 mars
Les corps de Kataluk Paningayak-Naluiyuk, 43 ans, et de son conjoint, Peter Ainalik, 44 ans, ont été découverts dans une résidence Ivujivik au Nunavik le 25 mars. Le 2 avril, la thèse de meurtre-suicide est confirmée par la police. La mère de six enfants et grand-mère de deux petits-enfants se trouvait dans une situation de violence conjugale, rapporte la sœur de la victime.
En mars, deux tentatives de meurtre contre des femmes sont également survenues au Québec
Joliette, 16 mars
Christopher Cesar, 31 ans, a été abattu par un policier alors qu’il était en train de poignarder son épouse dans leur appartement de Joliette. La femme a été transportée à l’hôpital pour soigner ses blessures, mais sa vie n’est pas en danger.
Québec, 22 mars
Un homme de 74 ans aurait agressé sa conjointe, une dame de 65 ans, à l’aide d’une arme blanche dans leur appartement de Limoilou. Celle-ci aurait des blessures au cou et à l’abdomen, mais on ne craint pas pour sa vie. L’homme s’est suicidé en se lançant du haut de l’immeuble. Il est décédé des suites de ses blessures.
– Avec l'Agence QMI
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SOS violence conjugale
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