Qui sont les «colleureuses»? On les a suivies à l’aube lors d’une sortie | 24 heures
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Qui sont les «colleureuses»? On les a suivies à l’aube lors d’une sortie

Le groupe militant Collages féminicides Montréal s'activait à l'aube sur la rue Masson pour coller ses slogans revendicateurs.
Photo CAMILLE LALANCETTE 24H/AGENCE QMI

Le groupe militant Collages féminicides Montréal s'activait à l'aube sur la rue Masson pour coller ses slogans revendicateurs.

Si vous vous promenez à Montréal, vous avez sûrement remarqué ces slogans en grosses lettres collés aux murs des bâtiments, qui font souvent référence à l’actualité. C’est probablement l’œuvre des «colleureuses» un groupe de militantes anonymes qui se donnent la mission de dénoncer les injustices, de choquer les passants et de sensibiliser la population. Nous les avons suivies à l’aurore lors de l’une de leurs opérations.  

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Les «colleureuses» c’est le nom que se donnent les membres du collectif «Collages féminicides Montréal», un groupe fermé aux hommes cisgenre, composé majoritairement de femmes, mais aussi de personnes qui font partie de minorités de genres. 

Comme leurs actions sont considérées comme du vandalisme, les colleureuses opèrent aux heures où les regards se font plus discrets. Elles trouvent que ça vaut le coup de prendre le risque pour dévoiler au grand jour les tragédies et injustices vécues par les femmes, par exemple la violence conjugale ou encore les agressions sexuelles.

Un des collages du collectif Collages féminicides Montréal lors d'une sortie sur la rue Masson à l'aube le 23 février 2021.

Photo CAMILLE LALANCETTE 24H/AGENCE QMI 

Un des collages du collectif Collages féminicides Montréal lors d'une sortie sur la rue Masson à l'aube le 23 février 2021.

«C’est de ramener ces débats-là dans l’espace public, autant sur Instagram que dans la rue», nous a indiqué Steffie en tapissant un mur des promenades Masson du message «Justice pour Marly Édouard», en référence à cette femme de Laval qui a été tuée d’une balle dans la tête après avoir signalé à la police qu’elle craignait un proche.  

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Les colleureuses près de la station Beaubien au cour du mois de février à Montréal.

Photo GUILLAUME CYR 24H/AGENCE QMI 

Les colleureuses près de la station Beaubien au cour du mois de février à Montréal.

Ces militantes rattachent leur lutte à l’actualité pour souligner des éléments qui passent sous le radar ou au contraire font beaucoup réagir. 

Le plus vite possible 

Équipées de pinceaux, de colle fabriquée d’eau et de farine, de feuilles de papier et d’une poésie cinglante, les colleureuses déambulent dans les rues à la recherche d’un mur assez voyant pour apposer leurs slogans. 

Les quatre colleureuses masquées travaillent le plus vite possible pour éviter de recevoir une amende. En décembre dernier, deux colleureuses montréalaises ont chacune reçu une contravention de 1296$. Elles étaient en train de coller le slogan : «Rozon gagnant. Toustes perdant-e-s».  

Joël Lemay / Agence QMI 

Dans la rue et sur Instagram 

Le mouvement des colleureuses est actif partout au monde, surtout en Europe, par exemple en Allemagne, en France et en Espagne. Au Québec, il y a deux groupes à Montréal qui sont actifs depuis près d’un an: Collages féministes Montréal et Collages féminicides Montréal. À Québec, les Collages féministes Québec sont nés il y a 5 mois. 

Ces groupes de colleureuses partagent leurs créations sur Instagram, les collages deviennent ainsi plus visible. 

Elles sont loin de se considérer comme des vandales. Juliette n’a guère l’impression d’être une personne radicale et croit que les collages sont plutôt éphémères et disparaissent beaucoup plus vite qu’un graffiti. Les colleureuses repèrent même des graffitis haineux et les recouvrent de leurs collages.  

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