Les riverains de l’île Mercier sont prêts à pomper
À l'approche de la période des inondations, les habitants de la quarantaine de maisons de l’île Mercier surveillent le printemps avec attention sur la rivière des Prairies à Montréal.
Ce cours d’eau sort de son lit chaque année à la crue printanière, ce qui met à l’épreuve les tactiques des résidents pour affronter les débordements qui menacent leur habitation.
L’île Mercier est reliée à l’île Bizard par un seul pont qui est souvent condamné pendant les inondations du printemps. Les résidents se rendent alors en ville par bateau, la normalité quand vient la fonte des glaces.
Tous connaissent les dangers des affluents. Puisqu'il y a toujours un risque d’être inondés, vaut bien s’équiper pour éviter le pire.
«On est bien organisés», lance spontanément Simone Noël. Elle et son mari, Clermont Avoine, habitent leur maison depuis 1980. Ils savent ce dont ils ont besoin pour vider l’eau de leur sous-sol, si jamais elle s’infiltre. «On a trois pompes, une de réserve au cas où, et une à essence. Aussi, on a des génératrices si jamais le courant est coupé pour continuer de pomper l’eau. On ne veut pas que ça monte», explique M. Avoine, rencontré dimanche.
Les deux dernières inondations de 2017 et 2019, qui ont durement touché les citoyens, les ont poussés à faire preuve de solidarité entre eux.
«Tout le monde s’aide, on s’aide pour monter les remparts de sacs de sable, pour vider les terrains», énumère Manon Légaré, qui habite sur l’île Mercier depuis 27 ans.
Un résident a même qualifié les inondations d’un «gros party», à force de voir autant de gens contribuer à remplir des sacs de sable, à faire des traversées en bateau ou à distribuer de la nourriture.
Tout faire pour éviter les infiltrations
Plusieurs aménagent leurs terrains en conséquence: ils vont construire des murets de béton, renforcer leur solage et plusieurs n’auront pas de finition dans le sous-sol pour éviter que les infiltrations engendrent des coûts de rénovation.
Du moins, ils essaient de repousser l’eau, parce qu’une fois les dégâts faits, il est difficile d’avoir l’aide nécessaire.
«Le problème, c’est qu’on n’a pas d’assurance, les assureurs ne veulent pas assurer. Alors on se protège comme il faut, mais parfois, ça fait des dégâts et on les absorbe», se désole Metin Akatika, installé sur l’île depuis 2019.
La paix d’une île
Malgré les difficultés de vivre dans une zone inondable, les insulaires de l’île Mercier trouvent la paix dans leur secteur.
«Ici, c’est le paradis, le quartier est calme, on a accès à la plage, c’est le paradis», répète Clermont Avoine, qui profitait de l’après-midi ensoleillé de dimanche avec ses enfants et ses petits-enfants.
En ce moment, la situation n’est pas inquiétante pour les insulaires, mais ils restent prêts à toutes les annonces de la Sécurité publique.
«On surveille ça, mais d’une année à l’autre, je ne pourrais pas dire quand ça va déborder. Il y a une place sur mon terrain que je regarde, et dès que ça monte un petit peu plus, c’est inquiétant», lance Manon Légaré.