GNL Québec serait-il dangereux pour la santé des Canadiens? | 24 heures
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GNL Québec serait-il dangereux pour la santé des Canadiens?

Image principale de l'article Un impact sur la santé des Canadiens?

La fracturation hydraulique, la technique d’extraction qui servirait à alimenter GNL Québec, une usine de liquéfaction de gaz naturel au Saguenay, comporterait des risques importants sur la santé humaine. On fait le point ici.  

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D’abord, c’est quoi la fracturation hydraulique?     

«La fracturation hydraulique, c’est une technologie d’extraction des hydrocarbures qui sont emprisonnés dans de la roche», explique le professeur à l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM Éric Pineault. «On fait éclater la roche en injectant de l’eau sous pression, avec du sable et toutes sortes de produits chimiques, pour libérer les hydrocarbures qui sont présents sous la forme de gaz ou de liquide.»

C’est en grande partie de cette façon-là qu’on va extraire en Colombie-Britannique et en Alberta le gaz naturel qui serait acheminé vers l’usine de GNL Québec, au Saguenay. Mais même si la technique est nécessaire dans le développement du projet, ses conséquences sur l’environnement ou la santé ne seront pas prises en compte dans l’évaluation du BAPE, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Le rapport devrait être rendu public d’ici le 25 mars.

Photo courtoisie  

Trois types de risque sur la santé  

La fracturation hydraulique comporte trois types de risques sur la santé, selon Éric Pineault. 

D’abord, les produits chimiques servant à fracturer la roche doivent être manipulés régulièrement par des travailleurs sur le chantier. Il s'agit d'un premier risque dont on doit tenir compte.

«La recette chimique pour faire la fracturation, elle contient beaucoup de produits très toxiques, explique le professeur. Et comme les recettes sont toujours des secrets d’industrie, c’est difficile de savoir vraiment ce qu’il y a là-dedans.»

Le deuxième risque, c’est celui de la contamination de l’eau. «Après ça, il y a les risques qui viennent de la fuite, poursuit-il. Quand on fracture une formation rocheuse, ce qu’on veut, c’est créer des fissures, des craques.» 

La nappe phréatique pourrait donc être contaminée si ces produits toxiques ou le gaz naturel qui est libéré s’échappaient par ces craques. C’est toute l’eau utilisée par les populations environnantes qui serait soudainement polluée.

Et finalement, si ces produits toxiques peuvent fuir vers le bas, ils peuvent aussi fuir vers le haut et contaminer l’air et les sols. Ça, c’est le troisième risque

«Là encore, on a des liquides, on a du gaz qui va fuir soit du puits, soit de la zone autour du puits, indique Éric Pineault. Ça, c’est un enjeu aussi pour les communautés, pour les Premières Nations, les travailleurs, les agriculteurs de ces régions-là. Ça peut polluer l’air, et éventuellement ce sont des gaz à effet de serre extrêmement puissants.»

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Cancers et asthme  

Les risques sont troublants et certaines recherches réalisées aux États-Unis mettent sérieusement en garde contre cette technique de fracturation, selon la présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.

«On jongle avec une littérature qui est assez mince au Canada, mais de ce qu’on en sait des études qui ont été faites pour la majorité aux États-Unis, c’est que dans les communautés environnantes, il y avait de plus hauts taux de cancer, des risques de retard de croissance intra-utérins, des risques de prématurité et il y avait plus d’avortements spontanés», détaille la Dre Pétrin-Desrosiers. 

«Ça cause aussi une certaine forme de pollution, donc on voit souvent plus de cas d’asthme, et on a vu une augmentation des cas de cancers de la prostate et de la vessie, et même des enjeux reliés à fertilité», poursuit-elle.

L’Association canadienne des médecins pour l’environnement, qui chapeaute l’AQME, avait d’ailleurs recommandé en janvier 2020 un moratoire complet sur la fracturation hydraulique au Canada pour que cesse complètement cette pratique.

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