[Témoignages] Le racisme anti-Asiatiques existe aussi au Québec: ils en ont vécu | 24 heures
/panorama

[Témoignages] Le racisme anti-Asiatiques existe aussi au Québec: ils en ont vécu

Image principale de l'article Ils ont vécu du racisme anti-Asiatiques au Québec
AFP

Le racisme anti-Asiatiques fait les manchettes, ces jours-ci, après les meurtres survenus à Atlanta ainsi qu'une hausse générale de la violence contre les personnes asiatiques depuis le début de la pandémie.

• À lire aussi: Fusillades à Atlanta et hausse de la violence contre les Américains d’origine asiatique: ce qu'il faut savoir

Le phénomène touche aussi le Québec: le nombre d'actes racistes et de crimes haineux envers les personnes asiatiques a quintuplé, a rapporté le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans un reportage publié dans La Presse. Une manifestation pour dénoncer la situation est d'ailleurs prévue dimanche à Montréal

Deux personnes qui disent avoir subi les conséquences de ce type de racisme ont accepté de nous raconter leur expérience pour illustrer le phénomène. 

Harcelé pendant son jogging 

Pendant qu'il faisait un jogging normal dans son quartier de Ville-Marie, Daniel K Tran été poursuivi par une personne raciste. C’était durant les premières semaines de confinement, au printemps dernier.

Daniel K Tran

Courtoisie

Daniel K Tran

«Je me suis retourné et c’était quelqu’un qui m’avait craché dessus, qui me disait de retourner dans mon pays, que le virus était à cause de moi, qu’on ne voulait pas de moi ici. Et j’ai eu le droit au doigt d’honneur», se rappelle celui qui est gestionnaire dans le milieu de la santé. 

Effrayé, Daniel s'est éloigné le plus rapidement possible. 

«L’ironie était que j’étais à côté du poste de police, j’aurais pu y aller et porter plainte, mais j'ai décidé de juste m’en aller et ne pas escalader la situation», confie celui qui dit ne plus compter ce type d'épisodes de racisme tant ils sont nombreux. 

Frappé par une employée d'épicerie 

Aron Chang, qui habite à Longueuil, a aussi entendu des commentaires semblables dans le dépanneur où il travaille. 

«En 2020, il y a une madame qui est entrée dans mon magasin pendant que je travaillais, vraiment fâchée, et qui m’a dit: "Le virus vient de vous, retourne dans ton pays". Elle est partie vite, j’ai appelé la police, mais ils ne l’ont pas trouvée», raconte-t-il. 

Pire: au début du mois, Aron Chang et sa femme faisaient leur épicerie sur la Rive-Sud de Montréal, quand un problème technique est survenu lors du scan. Appelée pour régler le problème, la gérante se serait énervée et serait allée jusqu'à frapper M. Chang avec un petit livre qu'elle tenait à la main, à sa grande surprise. Comme elle parlait en français et que M. Chang parle anglais, il ne peut pas savoir si elle a proféré des propos racistes, mais il croit qu'il s'agissait d'un cas de discrimination. 

Inquiet pour ses parents 

Vandalisme, graffitis, pagodes saccagées: depuis le début de la pandémie, le racisme anti-Asiatiques est beaucoup moins sournois, remarque Daniel K Tran. S'il se limitait surtout à des insultes verbales avant la COVID, il est maintenant plus violent et fréquent, observe-t-il. Ce seraient souvent les personnes vulnérables, dont les personnes âgées, qui sont ciblées, selon lui.

• À lire aussi: Patrick Huard explique le racisme systémique à Ian Lafrenière

«Quelque chose arrivait à une personne asiatique, ça ne faisait pas beaucoup de bruit. Là, depuis la pandémie, tout a changé. Je m’inquiète constamment pour mes parents», dit-il.

Daniel estime que la communauté asiatique n’a pas le réflexe de prendre la parole publiquement et souffre également du stéréotype selon lequel il n'y a pas de racisme envers les personnes asiatiques puisqu’elles sont «gentilles et travaillantes». 

«Ça vient d’un aspect culturel et du fait que certaines personnes asiatiques ne veulent pas venir dans la place publique et perdre la face devant la communauté», explique-t-il.

Mais le racisme anti-Asiatiques est bien réel ici, selon lui. Il estime que c’est la responsabilité de toute la société collectivement de reconnaître ses biais racistes et de jouer un rôle d’allié, afin que la conversation ne soit pas encore réduite au silence. 

s

s