[EN IMAGES] Grosse manif contre le racisme anti-Asiatiques à Montréal

La tuerie d’Atlanta, où six femmes asiatiques ont perdu la vie, a vivement secoué la communauté asiatique de Montréal, dont des membres ont marché par milliers dimanche, afin de dénoncer le racisme anti-asiatique.
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Bien que le gouvernement du Québec dirigé par François Legault ne reconnaît pas l’existence de racisme systémique, les manifestants l’implorent d’instaurer des mesures pour mettre fin aux discriminations raciales.
Le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Benoit Charrette, était de passage au square Cabot, là où la marche a pris son départ, afin de démontrer son soutien à la communauté asiatique et de souligner la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.
Appelé à définir lui-même la notion de racisme systémique, le ministre a tenté de défendre la position de son parti. «À partir du moment où on ajoute un adjectif, il ne peut pas avoir de définition unique et si on en mettait une de l’avant, certains individus pourraient en avoir une autre et continuer de faire des associations», a-t-il expliqué.
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«C’est la lutte au racisme qu’il faut prendre à bras-le-corps, réitérer cette tolérance zéro», a justifié le ministre Charrette.
La diffusion d’une campagne publicitaire contre le racisme prévue en automne s’inscrit dans les mesures gouvernementales pour sensibiliser la population.
L’une des fondatrices du groupe Chinois progressistes du Québec, May Chiu estime que des publicités pour enrayer le racisme au Québec n’est pas assez.
«Il y plein de monde de deuxième génération; des familles mixtes, biculturelles et biraciales, qui parlent le joual comme les Québécois, mais qui font face à du racisme, à des attaques, des microagressions. On est victime d’appropriation culturelle. Alors non, c’est pas suffisant», a déclaré Mme Chiu.
Renier sa culture pour être «plus Québécois»
Plusieurs Québécois d’origine asiatique ont témoigné au «24 Heures» que leurs origines ont compliqué leur intégration, malgré qu’ils soient nés dans la province.
C’est le cas de Stephen Lu, il est fils d’immigrants et connait la culture chinoise par les traditions de ses parents. «Il y a eu une période où je voulais me dissocier de mon identité asiatique. Parce que ce n’était pas cool, on disait de nous qu’on était des "loosers" et des "nerds"», dit-il.
Entourée de dizaines d’autres manifestants majoritairement asiatiques, cette manifestation lui apparait comme une célébration de sa culture. «J’ai l’impression que je peux renouer avec cette fierté-là. Je peux être fier d’être asiatique», lance-t-il.
Depuis son enfance, Graziella Fiorini a reçu des commentaires désobligeants concernant ses traits physiques. «On apprend à ne plus répondre, les gens se permettent de me dire «Ling-Ling» et que je mange du chien, s’exaspère la Vietnamo-Corse. Je suis contente d’être là, on fait savoir que c’est réel et ça existe», a-t-elle dit.
Graziella a choisi de porter la tenue vietnamienne traditionnelle, dont la couleur blanche signifie le deuil, en mémoire aux six femmes asiatiques qui ont perdu la vie cette semaine à Atlanta.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) note que le nombre d’actes racistes et de crimes haineux contre les personnes d’origine asiatique a quintuplé, écrivait «La Presse» dans un reportage plus tôt cette semaine.