Voici ce qui s’est passé cette semaine au procès de Derek Chauvin, accusé du meurtre de George Floyd

Une murale en hommage à George Floyd.
- Le procès de l'ex-policier blanc Derek Chauvin s'est poursuivi toute la semaine à Minneapolis
- Un expert a affirmé qu'«un faible niveau d’oxygène» avait entraîné la mort de George Floyd
- Le chef de la police de Minneapolis a déclaré que Derek Chauvin avait «violé les règles»
Le procès de l’ex-policier blanc Derek Chauvin, accusé du meurtre de George Floyd le 25 mai 2020, s’est poursuivi toute la semaine à Minneapolis. Voici tout ce qu'il faut retenir de cette semaine de procès.
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Mort d’un manque d’oxygène, dit un pneumologue
La mort de George Floyd est due «à un faible niveau d’oxygène» après une combinaison d’actions des policiers qui l’ont plaqué au sol pendant près de 10 minutes, a affirmé jeudi un expert.
Selon le pneumologue Martin Tobin, appelé à témoigner par l'accusation, cette combinaison de facteurs a été fatale à la victime, prise en étau entre la force des policiers et le sol.
«À chaque respiration, il doit se battre contre l’asphalte, il doit se battre avec le faible niveau d’air qu’il aspire en essayant de relever les genoux des policiers» qui, eux, appuient ses mains menottées sur sa cage thoracique, a-t-il expliqué aux jurés, s’aidant de photos et de croquis.
Ce «faible niveau d’oxygène» causé par des difficultés à respirer «a endommagé son cerveau et provoqué une arythmie qui a causé un arrêt du cœur», a estimé le Dr Tobin.
Pour le médecin, la pression exercée par Derek Chauvin sur le cou de George Floyd représentait à un certain moment «la moitié de son poids et de son équipement», soit 41,5 kg selon ses calculs. Le quadragénaire a sombré dans l’inconscience avant de cesser de respirer.
Si George Floyd «parlait» au début de l’intervention, son cœur avait cessé de battre une fois celle-ci terminée, a pour sa part indiqué une médecin légiste, la Dre Lindsey Thomas, vendredi.
«Les actions des policiers ont entraîné la mort de M. Floyd», a-t-elle tranché, indiquant qu'une surdose n'était pas la cause du décès de George Floyd.
La thèse d’une surdose critiquée
Un autre médecin appelé par l’accusation, Bill Smock, a écarté l’hypothèse d’un décès provoqué par la consommation de drogue du quadragénaire, avancée par la défense.
«Il dit: “S’il vous plaît, poussez-vous, je veux respirer, je ne peux pas respirer.” Ce n’est pas une surdose de fentanyl, c’est quelqu’un qui supplie qu’on le laisse respirer», a lancé le Dr Smock, médecin spécialiste des soins d’urgence, après la diffusion d’un extrait vidéo.
Le Dr Smock a aussi souligné l’inaction des policiers quand l’un d’eux annonce ne plus détecter le pouls de George Floyd. «Ils auraient dû commencer un massage cardiaque», a-t-il dit, visiblement ému.
Le Dr Tobin a lui aussi estimé que la consommation de fentanyl n’avait pas été un élément dans la mort du quadragénaire.
Chauvin a «violé les règles», dit son supérieur
Le chef de la police de Minneapolis a déclaré que son ancien subordonné Derek Chauvin avait «violé les règles» et «les valeurs» de la police lors de l’interpellation de George Floyd.
S’agenouiller sur le cou du quadragénaire noir «pouvait être raisonnable dans les premières secondes, pour le contrôler, mais pas lorsqu’il n’opposait plus de résistance, et surtout pas après qu’il se fut évanoui», a déclaré Medaria Arradondo.
«Cela ne fait pas partie de notre politique, de notre formation, et ce n’est certainement pas conforme à notre éthique, à nos valeurs», a asséné cet homme noir de 54 ans, venu témoigner en uniforme.
Jody Stiger, policier de Los Angeles et spécialiste dans l’usage de la force, a également témoigné sur cette question mercredi.
Stiger a admis que George Floyd avait «activement résisté» lorsque les policiers avaient voulu le faire asseoir à l’arrière du véhicule. Or le quadragénaire «était allongé sur le ventre, il était menotté, il n’essayait pas de s’échapper ni de résister» pendant les 10 minutes de contention, a-t-il indiqué.
Selon cet expert, l’action de l’ex-agent était donc disproportionnée au regard du code de procédure de la police de Minneapolis.
«Un policier ne peut utiliser qu’un niveau de force proportionnel à la sévérité du crime ou au degré de résistance d’un individu face aux policiers», a-t-il expliqué.
Derek Chauvin accusé de meurtre
George Floyd avait été interpellé par quatre policiers le 25 mai à Minneapolis parce que soupçonné d’avoir écoulé un faux billet de 20 dollars dans une épicerie. Menotté et plaqué au sol, George Floyd a dit plusieurs fois: «Je ne peux plus respirer», alors que Derek Chauvin était agenouillé sur son cou.
Derek Chauvin, remis en liberté sous caution, est jugé pour meurtre et a plaidé non coupable. Le verdict des jurés n’est pas attendu avant la fin avril.
Le procès de ses trois anciens collègues, accusés de complicité de meurtre, est prévu pour le mois d'août.