La crise climatique est mauvaise pour la santé et des médecins veulent du changement

Claudel Pétrin-Desrosiers, Mélody Porlier et Chloé Courteau-Vézina
Les changements climatiques ont des impacts majeurs sur la santé, plaident de jeunes médecins et étudiantes qui militent pour que le système reconnaisse cet enjeu et s’y prépare.
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«Il faut voir les changements climatiques comme des amplificateurs de risques pour la santé pour à peu près toutes les maladies possibles», fait valoir la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.
Présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), la femme de 29 ans, qui pratiquera la médecine familiale à compter de l’automne, s'exprime rapidement et avec aplomb.
«On parle beaucoup des morts de la COVID, mais si on rappelait qu’au Québec à chaque année il y a 4000 personnes qui meurent prématurément à cause de la pollution, je pense qu’on aurait une réponse gouvernementale un peu différente», lance-t-elle.
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Les impacts des changements climatiques sur la santé sont déjà présents et vont s’exacerber dans les prochaines années, abonde sa collègue Dre Chloé Courteau-Vézina qui pratique la médecine familiale à Laval et offre des soins palliatifs à domicile.
«Je pense aux vagues de chaleur où beaucoup de patients n’ont pas accès à la climatisation, des personnes âgées sont à risque de se déshydrater et d’avoir des complications», relate-t-elle.
Quelques exemples
Les changements climatiques peuvent affecter la santé des gens de façon très concrète. En voici quelques exemples :
- Canicules : Au Québec, 20 000 personnes mourront de la chaleur extrême d’ici 2050, selon l’INSPQ
- Pollution atmosphérique (liée aux GES) : Exacerbe les maladies pulmonaires et cardiaques, augmente la prévalence et l’intensité des allergies.
- Événement météorologiques extrêmes : Risques de manquer d’eau potable et de nourriture saine, stress, anxiété.
Pas abordé à l’université
Pourtant, peu de médecins y sont sensibilisés, notamment parce que cette notion n’est pas intégrée à leur formation.
«Ce n’est pas abordé de façon directe», confie Mélody Porlier, étudiante en deuxième année de médecine à l’Université de Montréal, titulaire d'un doctorat en écologie et membre de l’AQME.
Avec trois autres étudiantes, elle travaille d’ailleurs à modifier le curriculum de médecine de l’UdeM pour y intégrer les impacts des changements climatiques, ce qui sera fait dès la prochaine session.
Les membres de l’AQME sont aussi préoccupés par leurs propres émissions de gaz à effet de serre.
«Il y a un paradoxe parce que le système de santé a un gros impact sur les émissions de gaz à effet de serre [NDLR: environ 5% à l’échelle mondiale], souligne Chloé Courteau-Vézina. Je n’étais pas, et je ne suis toujours pas, confortable dans ce rôle-là, dit-elle. Donc j’essaie le plus possible dans ma pratique de faire des changements et surtout d’inciter ceux qui sont plus gros et plus grands que moi à faire un changement dans notre façon d’organiser les soins.»
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Réduire les GES
Les solutions, toutefois, existent. Les trois femmes s’entendent pour dire qu’il est primordial de réduire les gaz à effet de serre au niveau mondial, ce qui entraînera des co-bénéfices.
«Ça peut aussi avoir des effets positifs locaux en améliorant la qualité de l’air, souligne Mélody Porlier. Même chose pour les espaces verts: ça favorise l’activité physique, la santé mentale, la santé cardiovasculaire et ça permet de contrer un peu le problème des îlots de chaleur et d’assainir l’air», dit-elle.