Trouver du beau dans la bouette de la dernière année: l’illustratrice Ana Roy nous parle de santé mentale et de réseaux sociaux

Quand on a décidé de faire un numéro sur la santé mentale, on s’est tout de suite dit que l’illustratrice Ana Roy serait la personne idéale pour réaliser notre Une, puisque c’est un thème récurrent dans son art. Elle a accepté!
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Qu’est-ce qui t’a inspiré la Une?
Récemment, mon père m’a envoyé une photo des crocus qui poussaient sur son terrain à travers la neige. Je trouvais ça beau et je me suis dit que le printemps était là, que le meilleur était à venir et qu’en dessous de toute la bouette de la dernière année, on serait capable de trouver du beau là-dedans. Même si Internet a été challengeant cette année, je pense qu’on va pouvoir s’en servir comme d’un engrais pour en tirer le meilleur. D’ailleurs! Le mauve sur la Une, c’est le mauve des crocus!
Tu as la fatigue des réseaux?
Oui! Ça me fait penser à une amitié qui date du secondaire, qui est un peu toxique. Un jour tu te réveilles le matin et tu cherches à changer cette relation-là, ou à la délaisser. On est rendu à avoir un p’tit talk avec les réseaux sociaux. On commence à cibler des habitudes qui sont pas toujours saines. Je pense qu’on est en train de trouver des moyens d’utiliser ces outils-là à leur plein potentiel et de manière positive.
Il y a des gens en ligne, comme toi, qui apportent du réconfort...
J’aime ça tomber sur une réflexion, une citation qui va me faire cheminer moi-même le reste de ma journée. J’ai délaissé les comptes qui étaient trop chargés émotivement. Ça a beaucoup brassé dans la dernière année, tout le monde apporte sa réflexion, il y a eu des call-out... mais maintenant je garde une distance avec ce tourbillon d’informations. Une semaine après un événement, je vais aller lire une ou deux affaires qui me parlent pour avoir une position, mais les commentaires de Ginette, je peux m’en passer.
Tu préfères prendre du recul!
Oui. Ma priorité ce n’est plus d’ouvrir mon téléphone le matin en me réveillant, c’est de prendre un grand verre d’eau et de respirer! C’est dur s’imposer des gros débats dès qu’on ouvre les yeux! J’aime mieux l’idée de cibler une ou deux choses qui vont me faire vibrer et d’en parler avec un ami, ou mon psychologue. Il faut faire ventiler ce qu’on lit en ligne, pas juste le faire spinner dans notre tête!
Tu choisis d’avoir du chaleureux et du positif, sur tes réseaux?
Je veux pas tomber dans la «positivité toxique» non plus, mais oui le but c’est d’essayer d’être bien. L’important c’est de se garder de l’énergie pour sa famille, ses amis. Avec la pandémie je me suis rendu compte qu’on avait une limite d’énergie, pis la moitié était prise par la crise. Essayons que l’autre 50% ne passe pas uniquement sur les réseaux.
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Qu’est-ce que tu nous souhaites, à l’avenir, niveau santé mentale?
Qu’on ne se sente pas obligé de mettre un masque pour dire que tout va bien. Si on dit qu’on a une peine d’amour, même une dépression ou une crise d’anxiété, j’aimerais ça que les gens réagissent de la même manière que si on s’était cassé un bras. C’est un peu intense, mais je souhaite qu’il y ait plus de compréhension.
C’est drôle la comparaison avec le bras cassé...
Ouais, j’ai sûrement lu ça sur les réseaux sociaux.