Des experts du renseignement inquiets: devrait-on bannir Huawei au Canada? | 24 heures
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Des experts du renseignement inquiets: devrait-on bannir Huawei au Canada?

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Des experts qui travaillent ou qui ont travaillé pour le renseignement canadien s’inquiètent des agissements de la compagnie Huawei, déjà bien implantée au Canada, avant même le déploiement de la 5G. C'est ce que révèle le nouveau documentaire du Bureau d'enquête, La Brèche.

«Ce que les experts en sécurité craignent, c’est que, si un acteur malveillant s’implante au cœur de ce nouveau système, c’est tout le réseau de la 5G qui va être compromis à l’avenir», résume Marc-André Sabourin, qui a coréalisé le documentaire La Brèche, en tandem avec Manu Chataigner. 

Pendant plusieurs mois, le vidéoreporter a enquêté sur l’entreprise chinoise Huawei, qui produit des téléphones, des ordinateurs, des serveurs et des antennes pour permettre à nos téléphones de fonctionner. 

Ces antennes, utilisées par des opérateurs canadiens comme Vidéotron, Bell, Telus ou Rogers, contiennent de la technologie de Huawei, ce qui inquiète certains spécialistes interrogés. 

Des cellules du parti communiste dans les entreprises   

D'abord, il y a les liens que le gouvernement chinois entretient avec des entreprises privées qui inquiètent des membres et d'anciens membres du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). 

«Les entreprises chinoises sont notamment obligées d’avoir une cellule du Parti communiste chinois au sein de leur organisation», donne en exemple Marc-André Sabourin.  

Huawei affirme de son côté que l’entreprise est sécuritaire et qu’elle n’a aucun lien avec le gouvernement chinois. 

Opposants surveillés   

«Ce que les experts craignent, c’est que la Chine puisse s’en servir pour espionner les télécommunications des autres pays, y compris celles du Canada», explique Marc-André Sabourin. 

Les spécialistes du SCRS interrogés redoutent par exemple que les antennes puissent servir à surveiller des cibles d’intérêt du renseignement chinois, comme des militants s’opposant au pouvoir. 

Espionnage industriel   

Ils rappellent aussi que cela pourrait avoir des répercussions très concrètes sur l’industrie. Espionner des entreprises pourrait par exemple mettre en danger les emplois canadiens. 

L’espionnage industriel pourrait faire perdre au Canada «en moyenne 100 à 120 milliards de dollars par année», avance Michel Juneau-Katsuya, ancien chef du bureau Asie-Pacifique du SCRS. 

Bannir Huawei?   

Certains recommandent carrément de bannir l’entreprise.  

«Si le Canada interdit Huawei, on risque de voir la Chine imposer des sanctions commerciales au Canada», prévient toutefois Marc-André Sabourin. 

Plusieurs pays ont déjà franchi le pas, comme la Suède, le Royaume-Uni, l’Australie ou les États-Unis. Il est encore trop tôt pour se rendre compte de l’ampleur des représailles économiques qui pourraient les attendre.


La Brèche est disponible sur Club Illico.