On répond à vos questions sur les tremblements de terre au Québec

Vous n’avez peut-être pas ressenti le séisme qui a secoué la Rive-Nord de Montréal, lundi soir, mais vous en avez sûrement entendu parler. Est-ce que ce genre de séisme se produit souvent au Québec? Certaines régions sont-elles plus propices aux tremblements de terre? On a posé ces questions à deux experts.
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Qu’est-ce qui s’est passé lundi soir?
Un séisme d'une magnitude de 3,7 sur l’échelle de Richter s'est peoduit sur la Rive-Nord de Montréal à 21h23. Il a été ressenti à plusieurs endroits dans le Grand Montréal. L’Institut d’études géologiques des États-Unis a situé l’épicentre du séisme à mi-chemin entre Bois-des-Filion et Terrebonne, près du terrain de golf Le Versant. Il se serait produit à 9,8 km de profondeur.
Les relevés des sismographes de Séismes Canada disponible en ligne montrent clairement que l’onde de choc a été ressentie à des centaines de kilomètres à la ronde. Notamment, des sismographes situés aussi loin qu’au Nouveau-Brunswick, vers l’est, où jusqu’à Sudbury, vers l’ouest, ont enregistré la vibration.
Est-ce que c’est fréquent d’avoir ce type de tremblement de terre au Québec?
«Oui, il y a des centaines de tremblements de terre au Québec chaque année», explique Fiona Darbyshire, professeur au Département des sciences de la Terre et de l'atmosphère de l'UQAM.
«Ça varie d’une année à l’autre, mais tout le long de la vallée du Saint-Laurent et de la région de l’Outaouais, il y a une zone où il y a une activité sismique qui est assez significative. Mais en général, leur force n’est pas assez grande pour qu’on s’en rende compte.»
Est-ce qu'en général, c'est normal de ressentir un tremblement de terre sur une aussi grande distance?
«Dans l’est du Canada, même un tremblement de terre de plus faible magnitude peut engendrer plus de dégâts par rapport à un événement de la même magnitude dans l’ouest, explique Claire Perry, sismologue chez Ressources naturelles Canada. Et c’est lié à la densité de la croûte terrestre et la température des roches.»
Ainsi, des séismes de faible magnitude, comme celui survenue lundi soir, «on voit l’énergie de cet événement-là se propager très, très loin en distance, jusqu’à une centaine de kilomètres». «Mais un événement de même magnitude qu’aujourd’hui, dans l’ouest, proche de Vancouver, on ne le ressentira pas à plus de 40 ou 50 km», ajoute-t-elle.
Quelles sont les régions au Québec où il y a le plus de tremblements de terre?
«Il y a deux zones particulières, indique Fiona Darbyshire. Quand on regarde le long de la vallée du Saint-Laurent, la zone qui est la plus active, c’est Charlevoix. Ensuite, la deuxième zone, c’est celle qui s’appelle la zone sismique de l’Ouest du Québec, qui comprend une partie de Lanaudière, des Laurentides et la partie est de l’Outaouais. C’est la région où le tremblement de terre de ce matin a eu lieu.»
Quel est le tremblement de terre le plus important que le Québec ait connu?
«Si on regarde l’histoire, ça a eu lieu au XVIIe siècle, en 1663, dans la région de Charlevoix, raconte Fiona Darbyshire. Bien sûr. Il n’y avait que peu de population à ce moment-là, mais c’était un séisme très important, dont la magnitude est estimée à 7. Nous n’avions pas d’instruments dans ce temps-là, mais quand on regarde les rapports de dommage, on peut faire cette estimation.»
«Il y a environ deux séismes par décennie au Québec qui sont d’un ordre de magnitude 5, et ça, c’est la magnitude où on commence à voir des dommages légers, poursuit la professeur au Département des sciences de la Terre et de l'atmosphère. Beaucoup plus rarement, mais ça arrive de temps en temps, il y a des séismes plus importants. On peut penser par exemple au séisme du Saguenay en 1988 qui a causé beaucoup de dommage régional.»
Est-ce qu’on devrait se préparer au Québec pour des tremblements de terre?
«Oui, quand même, répond pour sa part Claire Perry. Surtout dans les villes historiques, avec pas mal de vieux bâtiments, qui ne sont pas nécessairement bien préparés pour ce genre de sismicité. On a vu des séismes importants dans le passé, ils vont se reproduire, on ne peut pas prédire quand, mais statistiquement, ça va arriver de nouveau. Il vaut mieux être préparé.»