Environnement: les partis politiques québécois ne croient pas que la décroissance est la solution

Si le Québec veut atteindre sa cible de carboneutralité en 2050, il devra vraisemblablement modifier de beaucoup son économie. Des scientifiques, des écologistes et des auteurs croient que la réponse est la décroissance, mais l'idée ne fait pas l'unanimité. Qu'en pensent les politiciens québécois?
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Le 24 Heures a demandé aux quatre partis politiques représentés à l’Assemblée nationale ce qu’ils pensent de la décroissance comme solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). On vous vole tout de suite un punch: aucun parti ne prône carrément la philosophie selon laquelle il faut réduire les objectifs de croissance économique pour atteindre nos cibles.
À la Coalition avenir Québec (CAQ), on préfère parler de croissance verte. Selon le gouvernement, la façon de réduire les GES passe par la réalisation de son «Plan pour une économie verte (PEV)», qui n’est pas contradictoire avec la croissance économique.
«Électrification de tout ce qui peut l’être. Biocarburants et hydrogène. Transport en commun, partagé, actif. Mesures ciblées pour les halocarbures [carburants produits par l’homme et nocifs pour la couche d’ozone], l’agriculture et les déchets. Tout ceci va participer à la croissance économique du Québec», a énuméré dans un échange de courriels Claude Potvin, directrice des communications du cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette.
- François Carabin, nouveau correspondant parlementaire pour le 24 Heures, revient sur le sujet au micro d'Antoine Robitaille sur QUB radio:
Depuis son arrivée au pouvoir, le premier ministre François Legault se plaît d’ailleurs à répéter qu'il veut «plus de richesse, moins de GES».
Le Parti libéral du Québec (PLQ) tente de se positionner comme un «parti de l’économie» depuis l’arrivée en poste de sa cheffe, Dominique Anglade. Dans ce contexte, «la décroissance n’est pas une solution», tranche le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie et de lutte contre les changements climatiques Carlos Leitao.
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La formation politique a déposé le 21 mai dernier son propre plan de relance économique, un «virage vers le progrès», qui tranche en partie avec les positions d’ex-gouvernements libéraux.
«L’alternative [à la décroissance] est la croissance économique, oui, mais une croissance différente de ce à quoi nous sommes habitués. Une croissance plus inclusive et humaine basée sur le fait que le progrès économique, le progrès social et le progrès environnemental sont indissociables», a signifié M. Roy dans un message texte.
Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) sont plus nuancés, mais ils ne voient pas non plus dans la décroissance la panacée à tous les maux climatiques. «Certaines activités polluantes devront décroître rapidement», nous a-t-on écrit chez QS, mais «d’autres secteurs économiques devront croître».
«Celui des soins, de la construction durable ou de la culture», a exemplifié l’attachée de presse du caucus de Québec solidaire Sandrine Bourque.
Même son de cloche chez le troisième groupe d’opposition.
«Si la croissance infinie est un concept invalide et dépassé, il faut aussi éviter de tomber dans le piège d’une décroissance généralisée, surtout dans un contexte de relance économique», a signalé l’attachée de presse du caucus du PQ Laura Chouinard-Thuly.
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