Vos allergies risquent d’empirer d’année en année et c’est (en partie) dû au sexisme botanique | 24 heures
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Vos allergies risquent d’empirer d’année en année et c’est (en partie) dû au sexisme botanique

Image principale de l'article Sexisme botanique: vos allergies vont empirer
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Congestion nasale, nez et gorge qui piquent, difficulté à dormir: vos allergies vous donnent du fil à retordre? Mauvaise nouvelle: elles pourraient continuer de gagner en intensité dans les années à venir, surtout à Montréal. On vous explique. 

À cause du réchauffement de la planète

Si le nombre de journées avec de fortes concentrations de pollen peut varier d’une année à l’autre, la tendance est à la hausse. C’est notamment dû aux changements climatiques et à la hausse des températures. 

«Il y a des années à fortes concentrations qui peuvent être suivies d’années plus calmes. Mais la tendance globale montre que ça va en augmentant au Canada depuis 30 ans, notamment parce que les arbres relâchent leur pollen lors des périodes chaudes. Comme la planète se réchauffe, les arbres relâchent leur pollen sur une plus longue période», explique le directeur des communications des Laboratoires de recherche d’aérobiologie, Daniel Coates.

Montréal a déjà enregistré plusieurs journées avec des pics à plus de 1000 particules de pollen par mètre cube. Par exemple, le 11 mai dernier un pic de 13503 particules de pollen par mètre cube a été atteint. Avec de telles concentrations de pollen dans l’air, même des personnes qui ne se considèrent pas allergiques ressentent des symptômes, souligne M. Coates.  

Il faut savoir qu’une concentration est jugée très élevée à partir de 200 particules par mètre cube. 

À cause du sexisme botanique (et des villes)

Bien que le réchauffement climatique soit le premier coupable, des villes comme Montréal contribuent également à rendre la saison des allergies plus intense, soutient Rita Sousa-Silva, chercheuse au Paqlab de l’UQAM, un laboratoire visant à mieux comprendre la relation arbres-humains.

«Les grands centres urbains comme Montréal ne plantent que des arbres mâles, de manière disproportionnée. C’est un problème, parce que les grains de pollen sont des particules que produisent uniquement les mâles», précise la postdoctorante au Département des sciences biologiques de l’UQAM. 

La raison de cet entêtement est que les arbres femelles sont ceux qui produisent les fruits et les graines. Les villes évitent donc d’en planter, pour ne pas avoir à nettoyer les dégâts que causeraient ces graines et ces fruits en tombant sur la voie publique. Une situation que déplore l’experte. 

«C’est du sexisme botanique. On oublie complètement que les arbres femelles jouent aussi un rôle important dans la nature», dénonce la chercheuse. 

Dans la nature, les arbres femelles reçoivent et emprisonnent le pollen produit par les mâles afin de se reproduire. Sans ces arbres femelles, le pollen n’a donc nulle part où aller, ce qui fait que la concentration de pollen dans l’air augmente. 

Revoir les politiques de verdissement  

L’implantation d’espaces verts en ville est souvent citée comme un exemple de solution au réchauffement climatique. Or les villes auraient tout avantage à mieux comprendre le potentiel allergène des plantes qu’elles sèment afin de mieux agir dans le futur, croit Mme Sousa-Silva.

«Il faut que les différences entre les plantes soient mieux comprises, puisque la concentration de pollen est un enjeu de santé publique», conclut-elle. 

Des trucs pour diminuer les symptômes 

▶ Les antihistaminiques de deuxième génération, c’est-à-dire les médicaments comme Reactine, sont efficaces et ne provoquent aucun effet secondaire, souligne l’allergologue Mose Ben-Shoshan. 

▶ Il suggère aussi de porter des lunettes de soleil et d’éviter de toucher ses vêtements à l’extérieur. 

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