Quartiers défigurés, terres agricoles et environnement menacés : les multiples visages de l'opposition au troisième lien | 24 heures
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Quartiers défigurés, terres agricoles et environnement menacés : les multiples visages de l'opposition au troisième lien

Frédérique Lavoie, du Conseil de quartier de Saint-Roch
Photo Didier Debusschère / Journal de Québec / Agence QMI

Frédérique Lavoie, du Conseil de quartier de Saint-Roch

Si les plans se concrétisent, le troisième lien, ce fameux tunnel autoroutier à deux étages entre Québec et Lévis, ouvrira dans 10 ans. Peut-on vraiment parler de transport du futur? Pour plusieurs personnes, pas du tout : portrait d’une mobilisation à diverses facettes. 

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Photo François Carabin / 24 heures

Balafrer des quartiers, encore  

Paule-Andrée Cassidy habite à deux pas de l’autoroute Dufferin-Montmorency, à l’extrémité ouest du Vieux-Québec. Là où, dans les années 1970, quatre bretelles titanesques ont poussé au-dessus de l’ancien quartier chinois. 

Arrivée au milieu des années 1990, cette artiste de 52 ans a vécu les grands travaux qui ont mené au démantèlement de deux bretelles de l’autoroute, après de nombreuses protestations. «On vit avec une cicatrice depuis les années 1970. Et là, depuis un quart de siècle, on a réparé beaucoup d’erreurs», relate-t-elle. 

Or, voilà que le tunnel Québec-Lévis prévoit une sortie vers l’autoroute, presque au même endroit où trônaient autrefois deux des quatre bretelles de Dufferin-Montmorency. 

«On se disait qu’on allait vers du mieux. On retissait le quartier, ajoute Mme Cassidy. Là, on s’apprête à se faire rouler dessus de nouveau.» 

Photo Didier Debusschère / Journal de Québec / Agence QMI

Dans le quartier voisin de Saint-Roch, on craint aussi de voir l’histoire se répéter. L’autoroute Dufferin-Montmorency est déjà «une fracture» dans le paysage urbain de la basse-ville, soulève la présidente du conseil, Frédérique Lavoie.  

Elle compte sur la mobilisation citoyenne pour freiner la réalisation du projet. 

«À Québec, je ne sais pas c’est qui qui est pour ce projet-là. On n’en voit pas», martèle-t-elle. 

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Toujours plus d’autos, malgré les changements climatiques  

Photo Courtoisie, Équiterre


Pour Équiterre, il n’y a aucun doute: la construction et la mise en service du tunnel engendreront d’importantes hausses des gaz à effets de serre. Une réalité qui risque de rendre plus ardue l’atteinte des objectifs climatiques québécois. 

«Le nœud du problème, c’est la construction d’infrastructures routières en 2021», résume le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre, Marc-André Viau. 

En construisant un tunnel, Québec encourage le gonflement du parc automobile à essence, souligne-t-il. Et celui-ci pourra continuer de croître sans contrainte d’ici 2035, avant que la vente de véhicules à gaz neufs sera interdite. 

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Étalement urbain, sur des terres agricoles
 

Photo Stevens LeBlanc / Journal de Québec / Agence QMI

Les craintes de l’Union des producteurs agricoles (UPA) par rapport au troisième lien tiennent en deux mots: étalement urbain. 

«On est sûrs que ça va entraîner de l’étalement, et on va perdre du territoire [agricole]. Il y en a beaucoup, des municipalités qui vont tenir à étendre leur périmètre urbain pour accueillir de nouvelles populations», mentionne le président de l’organisme, Marcel Groleau. 

La seule alternative au troisième lien, selon M. Groleau, c’est la construction d’une ligne de transport collectif. 

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Une facture de 10 milliards $
 

Joël Lemay / Agence QMI

Selon les estimations actuelles, le tunnel Québec-Lévis coûtera jusqu’à 10 milliards $ aux contribuables québécois. Selon le directeur pour le Québec de la FCC, Renaud Brossard, c’est principalement le «timing» de l’annonce qui cloche. 

«L’industrie de la construction est en surchauffe, la main-d’oeuvre est difficile à trouver, le prix des matériaux est plus élevé. Dans un moment comme ça, c’est un peu spécial», soutient-il.
 

Tant pis pour les étudiants
 

Photo Courtoisie AELIES

Le tracé du tunnel ne mènera pas près de l’Université Laval, mais ce n’est pas ce que l’AELIÉS reproche au projet. Certains des étudiants de l’établissement d’enseignement supérieur se braquent à la simple idée que le troisième lien prenne vie.  

«Les 10 milliards $ qui sont prévus, bien, ce sont 10 milliards qui ne sont pas investis dans l’enseignement supérieur, dans les logements étudiants ou en environnement», constate le secrétaire exécutif de l’AELIES, Louis-Xavier Lamy. 


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