Deuxième dose et déménagement: difficile de changer de région de vaccination

Rafaël Leblanc-Pageau a rencontré mille et une difficultés pour changer son rendez-vous de deuxième dose de Montréal à Rimouski.
En pleine période des déménagements, le site québécois de prise de rendez-vous pour la vaccination n’offre pas l’option de modifier sa région pour une deuxième dose. Une situation qui importune des étudiants en vue de la rentrée.
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Depuis une semaine, il est désormais possible pour les Québécois de changer de centre de vaccination si le cœur leur en dit. Clic Santé propose aux utilisateurs des plages de rendez-vous à proximité du centre de vaccination où la première dose a été reçue.
Or, ceux qui souhaitent trouver une place dans une région différente de leur premier vaccin se butent rapidement à un obstacle: impossible de choisir un centre de vaccination ailleurs au Québec.
«Sur Clic Santé, il n’est pas possible de réserver un rendez-vous “deuxième dose” dans une autre région que la région où on a reçu sa première dose», a confirmé le ministère de la Santé et des Services sociaux au 24 heures.
Pour le moment, seul le sans rendez-vous et les rendez-vous de dépannage s’offrent à ceux «devant absolument recevoir leur deuxième dose dans une autre région» que celle de leur première dose.
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Et les étudiants?
En annonçant le retour des cours «en présentiel» à la fin mai, Québec avait invité les nouveaux étudiants au cégep et à l’université à se magasiner un appartement dans la région de leurs études. C’est ce qu’a fait Rafaël Leblanc-Pageau, tout récemment diplômé d’un cégep à Montréal, qui a déménagé pour Rimouski quelques jours après avoir reçu sa première dose dans la métropole.
«Motivé», dans ses propres mots, à recevoir au plus vite son deuxième rendez-vous dans le Bas-Saint-Laurent, Rafaël a vite été déçu en allant consulter Clic Santé. À ses yeux, Québec a laissé passer un important «angle mort» dans sa stratégie pour vanter la vaccination auprès des jeunes Québécois.
«C’est un angle mort particulier dans la mesure où, à cause de la COVID-19, beaucoup de gens ont déménagé», observe-t-il.
«Moi, j’ai hâte de me faire vacciner, mais d’autres pourraient facilement être dissuadés. On ne s’aide pas socialement.»
Le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Samuel Vaillancourt, s’explique mal qu’aucun «déménagement vaccinal» ne soit possible à l’heure actuelle. Chaque année, observe-t-il – et d’autant plus avec le retour au cégep en présentiel –, plusieurs jeunes quittent leur chez-soi pour étudier plus près des grands centres.
«On se retrouve avec des étudiants et étudiantes qui ont eu leur première dose à Baie-Comeau et qui devraient avoir accès à une deuxième dose à Chicoutimi. On frappe un mur», illustre-t-il au bout du fil.
D’après l’Union étudiante du Québec, environ 75% des étudiants qui habitent en appartement le font parce que leurs parents sont trop éloignés de leur milieu d’études. «C’est donc totalement irréaliste de leur demander de rester dans la même région», soutient son président, Samuel Poitras.
«Et ça nuit à l’effort de vaccination» dans une tranche d’âge qui tarde à rattraper les autres sur le plan de la couverture vaccinale, ajoute-t-il.
Samuel Vaillancourt exhorte le ministre de la Santé, Christian Dubé, à faire preuve de créativité. Des cliniques à même les établissements d’enseignement supérieur? Ça serait la meilleure solution, évoque-t-il.
Comme par ce qui ressemble à de la télépathie, cette suggestion s’est rendue à M. Dubé, lundi, lors d’un point de presse à Montréal. «De la vaccination, on en a fait partout, même sur le site du Centre Bell. Donc, si on doit le faire dans les universités, on va le faire», a-t-il lancé devant quelques journalistes.
Par ailleurs, une mesure annoncée en cours de journée permettra sans doute à certains étudiants d’obtenir un coup de pouce avant l’automne: il sera possible, dès mardi, de devancer son rendez-vous de deuxième dose vaccinale jusqu’à quatre semaines après la première. L’option devrait apparaître sur Clic Santé d’ici la matinée.