Tapisser Montréal de moulages de vulve pour briser les tabous et ouvrir la discussion

Vous avez déjà aperçu des oeuvres représentant une vulve en marchant dans un quartier de Montréal? Depuis trois ans, le duo d'artistes Vulvette Underground tapisse la ville de moulages de vulve afin de briser le tabou qui les entoure.
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C'est en moulant sa propre vulve, lorsqu’elle étudiait à l’Université Concordia en arts visuels, que Valérie Auclair a eu l'idée du projet. «On avait accès aux ateliers de moulage et je me suis dit "Ah, tiens, je pourrais faire un moule de ma vulve"», raconte-t-elle.
Les réactions de ses collègues de classe ont été très polarisées, ce qui lui a fait dire qu'elle avait mis le doigt sur quelque chose. Elle en a ensuite fait un projet photo dans lequel elle photographiait des vulves en gros plan, puis elle est allée encore plus loin en cofondant le projet Vulvette Underground avec son ami photographe Gaétan Fontaine, en 2018.
Alors que Valérie Auclair s'occupe de faire les moulages et de trouver les modèles, Gaétan se charge de poser les oeuvres dans l'espace public et de les photographier.
Briser le tabou... une vulve à la fois
L'objectif principal de Vulvette Underground? Briser le tabou autour de la vulve et plus globalement de la sexualité, explique Valérie Auclair. Elle souhaite normaliser cette partie du corps de la femme «qui est trop souvent mise de côté, dévalorisée ou objectifiée».
«Il y a tellement de monde qui confond encore vulve et vagin. Il y a un manque d’éducation flagrant», regrette-t-elle, pointant du doigt notre héritage chrétien.
«À force de parler de mon projet, je vois un changement, dans ma famille par exemple. Au début, ça rendait un proche mal à l’aise et il avait de la misère à dire le mot "vulve". Après trois ans, il est capable de m’en parler et ç’a enlevé le tabou.»
Des centaines de vulves
Depuis trois ans, des centaines de moulages créés à partir de 12 modèles ont été installés dans plusieurs quartiers de Montréal, comme dans le Mile-End et Le Plateau-Mont-Royal. Généralement, les moukages de vulve ne restent toutefois pas longtemps en place, puisque plusieurs personnes les «collectionnent».
Et qui sont ces femmes qui se prêtent au jeu de Vulvette Underground? Ce sont des femmes de son entourage, la plupart dans la vingtaine et la trentaine, qui se sont proposées après avoir entendu parler du projet.
Prochaine mission? Inclure plus de femmes issues de la diversité et de toutes les tranches d’âge.