On a été voir comment la Côte-Nord s'organise pour accueillir les amoureux de vanlife
D’un bout à l’autre de la Côte-Nord, les municipalités s’organisent pour accueillir les vanlifers et pour fidéliser ces touristes qui se sentent plus ou moins les bienvenus dans d’autres parties de la province. On a jeté un coup d’œil aux aménagements de cette région de plus en plus prisée des Québécois.
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À Baie-Comeau, près du parc des Pionniers, la Ville a réservé au bord de la mer un stationnement pour les voyageurs nomades. Quand on s’y arrête avec sa van, on y trouve une station de vidange, des toilettes et aussi... plusieurs autres adeptes de road trip qui s’y retrouvent chaque soir.
«C’est super pratique!» lance Maryse, une «vanneuse» en road trip avec une amie, qu’on a croisée à Baie-Comeau et à Sept-Îles. «On n’a qu’à se renseigner en arrivant [dans une ville], on trouve toujours un endroit où s’arrêter et les gens sont tellement accueillants.»
Appelés «sites de débordement» par certaines municipalités, ces stationnements gratuits accueillent les véhicules récréatifs qui ne trouveraient pas de lieux de repos dans les campings. Plusieurs vanlifers préfèrent d’ailleurs s’y rendre directement pour ne pas avoir à payer d’hébergement.
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Le tourisme nomade explose
L’engouement pour le tourisme en petite van ou en caravane a explosé au cours des dernières années. Les demandes d’immatriculation pour les vans ont augmenté de 30% en 2020 en Amérique du Nord, et on prévoit une augmentation encore plus marquée pour l’année 2021.
«Je me suis aménagé une van durant la pandémie, c’est certain que ce n’est pas mon dernier road trip avec!» lançait d’ailleurs un vanlifer qu’on a croisé à Tadoussac.
La Côte-Nord est bien en voie de devenir la destination favorite des vanlifers du Québec, puisque pratiquement toutes les municipalités sur ses 850 km de chemin aménagent des endroits en bord de mer pour accueillir les touristes routiers.
Cette attitude contraste avec celle d’autres régions, remarque Gerry Lauzon, un blogueur vanlife populaire, qui évoque deux modèles: «Soit la Gaspésie qui ne veut rien savoir de nous autres, ou la Côte-Nord, qui nous attend à bras ouverts.»
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Baie-Comeau s’organise
Yves Montigny, maire de Baie-Comeau, s’est attelé, avec beaucoup d’autres municipalités, à paver la route (sans mauvais jeu de mots) pour la vanlife.
«On a deux stationnements pour les gens en véhicules récréatifs dans notre plus grand parc, le parc des Pionniers», explique-t-il. Un autre stationnement, dans une partie commerciale de la ville, est en voie d’être ouvert aussi.
La Ville permet aussi la consommation d’alcool à l’extérieur dans des lieux publics désignés, notamment près de la microbrasserie locale, un attrait de plus pour les touristes nomades.
«Je suis convaincu que ce tourisme-là va rester pour tout le temps, assure M. Montigny, parce qu’il n’y a pas juste Baie-Comeau qui s’est adaptée, toutes les villes avant et toutes les villes après l’ont fait aussi.»
Les Escoumins utilisent les apps
De nombreux voyageurs en véhicule récréatif utilisent des applications mobiles comme iOverlander, RV Parky ou Roadtrippers afin de trouver les meilleurs endroits où arrêter leur véhicule pour la nuit.
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Aux Escoumins, un petit village de pêche à l’est de Tadoussac, on s’est mis en tête d’utiliser ces applications afin de diriger les vanlifers vers un endroit où ils ne poseraient pas problème.
Pour éviter de connaître les écarts de conduite, le parc aménagé pour les VR comprend des poubelles et une toilette. En retour, les touristes s’arrêtent bien souvent dans les commerces du coin.
«Pour les épiceries, les restaurants, c’est super bien!» s’emballe Joey Dufour, agent de développement municipal.
Il espère que les nouveaux aménagements et le tourisme nomade permettront de mettre Les Escoumins «sur la map».
Il y a de bonnes chances pour que ça marche: il semble que les Québécois soient de plus en plus nombreux à pouvoir nommer une autre ville de la Côte-Nord que «Baie-Comeau» ou «Tadoussac»... et c’est tant mieux pour la région!
L'exception Tadoussac
Dans la région, il y a quand même une ville plus frileuse concernant la vanlife: Tadoussac. Le maire Charles Breton souligne que la rencontre entre le tourisme traditionnel et le tourisme routier n’a pas été sans heurts partout au Québec.
Comme Tadoussac est à l’entrée de la Côte-Nord et pas si loin des grands centres, le petit village de 800 habitants a connu le même sort que la Gaspésie l’an dernier en recevant une vague de touristes inattendus.
Dans les dernières années, le secteur des dunes de Tadoussac était déjà fréquenté par de nombreux campeurs en véhicule récréatif, et leur multiplication a posé problème. «Ils font des feux, ils n’ont pas de sanitaires, donc on peut imaginer ce qu’ils laissent derrière eux, déplore Charles Breton. Si t’en as 10 ou 12, c’est pas si mal, mais quand ça devient 120, il faut agir.»
La municipalité de Tadoussac menace de remettre des amendes d’au moins 200$ aux gens qui campent dans les stationnements municipaux avec un véhicule récréatif ou dans le secteur des dunes.
Méfiance
Elle n'est pas la seule ville au Québec à être méfiante.
Les images de personnes qui campent un peu n’importe comment sur les plages de la Gaspésie, parfois même avec leur véhicule directement stationné sur le sable, ont donné une mauvaise réputation aux voyageurs nomades dans cette région et ailleurs au Québec.
La Ville de Gaspé a depuis interdit toute forme de camping sur ses plages publiques. Des municipalités de Charlevoix interdisent aussi le camping sur les terrains publics.
Globalement, les adeptes du tourisme en van ont l’impression qu’ils ne sont pas les bienvenus en Gaspésie.
Pour Gerry Lauzon, un blogueur et vanlifer à temps complet qui habite son Dodge Grand Caravan, jamais l’engouement n’a été aussi fort, mais jamais la méfiance envers les nomades n’a été telle.
Il soutient que les vanlifers suivent habituellement un code d’éthique: «On laisse l’endroit plus propre que quand on est arrivé.» Il regrette que les personnes qui vivent dans leur véhicule à l’année ou qui font du tourisme responsable se retrouvent à payer pour les actions «des cochons» qui ne partagent pas leur mode de vie.
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