Une troisième dose de vaccin contre la COVID-19 est-elle nécessaire? Non, mais...

Depuis la mi-juillet, Israël offre une troisième dose du vaccin de Pfizer-BioNTech aux personnes de 60 ans et plus. De son côté, l’Allemagne a annoncé une campagne similaire pour septembre. Une troisième dose est-elle nécessaire pour le Québécois moyen? Des experts se prononcent.
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Selon Benoît Barbeau, professeur en virologie à l’Université de Montréal, certains indices démontreraient que la réponse immunitaire devient moins efficace six mois après l’administration du vaccin. Mais une troisième dose ne serait, pour l’instant, utile qu’aux personnes immunosupprimées ou plus âgées.
«Je ne crois pas, cependant, qu’une troisième dose serait requise pour la population entière. C’est un peu hâtif dans le moment, mais il y a une certaine logique à l’utilisation plus ciblée» pour les personnes plus vulnérables, précise-t-il.
Le Dr Andres Finzi, professeur agrégé au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal, abonde dans le même sens. «Il va falloir prioriser. Pour le moment, avec deux doses, il y a quand même une protection qui s’est avérée efficace dans la plupart des études, notamment contre les formes graves de la maladie.»
Les deux experts, toutefois, n’écartent pas la possibilité d’administrer une troisième dose plusieurs mois après la deuxième si les données démontrent que cela augmente la réponse immunitaire. Mais on doit encore obtenir plus de données pour le vérifier.
Empêcher une quatrième vague?
Une troisième dose ne permettrait pas non plus de prévenir la quatrième vague qui se profile pour l’automne.
«En ce moment, on est quand même bien protégés; la quatrième vague touchera plus particulièrement les personnes [...] non vaccinées. Les vaccins demeurent efficaces contre le variant Delta», affirme Benoît Barbeau.
Plus utiles ailleurs
Qui plus est, les sérums utilisés pour administrer une troisième dose seraient plus utiles ailleurs, souligne Benoît Barbeau. «Il y a des endroits à travers le monde où la couverture vaccinale est faible. Et c’est là où le virus pourrait émerger, où le nombre d’infections pourrait augmenter, mais aussi où des variants pourraient se développer, qui nous causeraient finalement plus de problèmes s’ils sont résistants aux vaccins.»
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs appelé à un moratoire sur les doses de rappel, mercredi, pour qu'elles soient plutôt acheminées vers des pays qui n’ont pu immuniser qu’une infime partie de leur population.
«Nous avons un besoin urgent de renverser les choses: d’une majorité de vaccins allant dans les pays riches à une majorité allant dans les pays pauvres», a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, ajoutant que le moratoire devrait durer «au moins jusqu’à la fin septembre», lors d’un point de presse de l’organisme à Genève.
L’OMS dénonce l’inégalité vaccinale qui fait que 1,5 personne sur 100 dans les pays pauvres a reçu une dose de vaccin, contre 100 sur 100 dans les pays riches. Le patron de l’organisme souhaite que 10% de la population mondiale soit vaccinée d’ici septembre.
Sur les 4 milliards de ces doses injectées dans le monde, 80% sont allées à des pays à revenu élevé ou moyen, alors qu’ils représentent moins de 50% de la population mondiale.
Le Dr Bruce Aylward, chargé de COVAX, un système permettant la distribution de doses aux pays plus démunis, a reconnu que fin septembre était un objectif ambitieux qui ne serait peut-être pas atteint.
– Avec l’AFP