Le 24 Heures sur la Côte-Nord: l’agriculture dans le nord, c’est possible!
Malgré le climat nordique, c’est possible de cultiver la majorité des fruits et légumes qu’on retrouve au Québec sur la Côte-Nord. Comme plusieurs autres agriculteurs, Denis Picard se démène pour créer une agriculture locale qui ne dépendrait plus des livraisons venues du sud. Portrait d’un des leaders en autonomie alimentaire sur la Côte-Nord.
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Il n’y a que la route 138 qui relie de nombreuses municipalités de la Côte-Nord au reste du Québec. «Le jour que la route coupe, et c’est déjà arrivé, ça prend deux jours qu’il ne reste plus rien dans les épiceries», affirme Denis Picard, un agriculteur biologique des environs de Sept-Îles.
Pour lui, qui pratique l’agriculture sur la Côte-Nord depuis 20 ans, la question de produire localement ne se pose plus.
Mais est-ce possible de cultiver pour toute la population dans une région aussi nordique? Les sols y sont-ils de qualité et les étés sont-ils assez longs? «Complètement, répond Denis Picard, à condition de s’y prendre de la bonne manière. Jacques Cartier disait qu’ici, c’était une terre de Caïn où rien ne pousserait; le mythe est resté, on dirait, mais il fallait bien que nos ancêtres, ceux qui ont colonisé, se nourrissent», explique-t-il.
De l’engrais qui vient de la mer
Pour cultiver malgré les saisons courtes, les Nord-Côtiers avaient simplement adopté des techniques différentes. «On peut utiliser du varech rejeté par la mer, ou encore le capelan, un petit poisson qui roule sur le rivage, comme des engrais naturels», exemplifie Denis Picard.
Les carottes et d’autres légumes «rustiques» peuvent même être récoltés après les premiers gels; la saison plus courte et les hivers plus rudes ne posent donc pas problème si on cultive les bonnes espèces.
Ses méthodes bio et écologiques, Denis Picard les transmet à des apprentis qui viennent sur sa ferme une fois par semaine. Il rend aussi visite aux écoles de sa région pour transmettre son savoir-faire. «Je montre aux jeunes à planter, à comprendre le vivant; je leur explique que faire un jardin, ce n’est pas facile, mais que c’est faisable, raconte Denis Picard. J’ai l’impression que c’est moi qui dois les rattraper au niveau environnemental, tellement ils en sont conscients.»
Il faut se débarrasser des contraintes de transport pour qu’une véritable autonomie alimentaire apparaisse sur la Côte-Nord, selon lui. «Une fois que tu as un producteur de quelque chose, il va pouvoir y avoir un transformateur qui apparaît aussi, et on aura plus de secteurs alimentaires qui vont se développer», ajoute-t-il.