Les talibans au pouvoir en Afghanistan: qu’est-ce que la charia?

Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont exprimé leur intention de gouverner l’Afghanistan en appliquant la charia. Mais qu’est-ce que la charia? Et que signifie son application?

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Au premier point de presse organisé après la prise de pouvoir, un porte-parole taliban a déclaré que la liberté de presse et les droits des femmes seraient respectés «dans le cadre de la loi islamique».

Une affirmation qui n’apaise pas Sami Aoun, directeur du comité scientifique de la Chaire UNESCO, en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent, puisque cette loi peut être interprétée de plusieurs façons et que son application varie grandement d’un endroit à l’autre

«Elle fait débat même au sein du monde musulman. Certains l’appliquent avec plus de modération, alors que d’autres l’appliquent dans sa forme la plus stricte, comme en Arabie saoudite, par exemple», explique-t-il.

Il doute fortement de l'application modérée de la charia par les nouveaux dirigeants de l’Afghanistan.

«Historiquement, les talibans ont une interprétation très stricte de la charia, qu’ils appliquent déjà dans les régions rurales, loin des yeux des Occidentaux. Il reste à voir s’ils étendront cette application à l’ensemble du pays», dit-il.

À leur dernier passage au pouvoir, les meurtriers étaient exécutés en public, et les femmes jugées coupables d’adultère étaient fouettées et lapidées à mort.

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C’est quoi, la charia?  

«C’est l’application de la loi en Islam, mais ce n’est pas un texte codifié comme le droit romain. C’est un ensemble de principes et d’applications qui découle de la sunna, c’est-à-dire les gestes et les paroles du prophète Mahomet, ainsi que du Coran», répond M. Aoun.

Le code de vie qu’elle impose est large et peut régir une multitude d’aspects de la vie musulmane: les prières, les transactions financières, le droit de la famille, l’alimentation, la tenue, les affaires judiciaires et les infractions pénales.

«La charia a tendance à dire ou à présumer que l’Islam a une réponse à tout», poursuit l’expert.

L’ensemble de ses règles et interdictions, issu de la tradition et de la jurisprudence, vise à aider les musulmans à comprendre comment mener chaque aspect de leur vie conformément aux souhaits de Dieu.

Cependant, comme son application est nuancée en fonction de la culture et des coutumes locales, elle peut prendre des formes très différentes d’un endroit à l’autre.

Arabie saoudite  

Le pays est doté d’une Loi fondamentale, un peu comme une Constitution, qui repose sur la charia. Le meurtre, le viol, le trafic de drogue, les attaques à main armée, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l’homosexualité et l’apostasie (le fait de renoncer à la religion) sont passibles de la peine capitale.

Malgré des réformes économiques et sociales lancées dans les dernières années, qui permettent maintenant aux Saoudiennes de conduire, notamment, le pays reste l'un des plus restrictifs au monde pour les femmes.

Pakistan  

La charia est en vigueur au Pakistan, mais elle est rarement appliquée. Par exemple, une application stricte de la charia rendrait l'homosexualité passible de mort. Or, elle est plutôt passible d'une peine d'emprisonnement en raison d’une loi antisodomie datant de l’époque coloniale britannique.

Iran  

En Iran, où une République islamique a été instaurée en 1979 avec une législation fondée sur la charia, le meurtre, le viol, le vol à main armée, le trafic de drogue et l’adultère sont aussi passibles de la peine capitale.

Le Conseil des gardiens est chargé de veiller à la conformité des lois en lien avec la charia et la Constitution iranienne.

Soudan  

Durant les 30 ans de règne d'Omar el-Bechir (1989-2019), le Soudan a appliqué une version très rigoriste de la charia. Des milliers de Soudanaises ont été condamnées à de lourdes amendes et flagellées pour «tenue indécente» ou consommation d’alcool, selon des membres de la société civile.

En novembre 2019, les nouvelles autorités ont abrogé une loi visant les Soudanaises jugées coupables d’«actes indécents et immoraux», mais le reste de l’arsenal discriminant les femmes est resté en place.

– Avec les informations de l’AFP