La viande coûte plus cher à cause des changements climatiques

Les changements climatiques ont un prix et vous le payez déjà: la sécheresse de l’été est en grande partie responsable de la hausse fulgurante du coût du panier d’épicerie cette année. On vous explique pourquoi.
Le prix de certaines pièces de viande a augmenté jusqu’à 12% entre janvier et août 2021, selon l’Indice des prix à la consommation de Statistique Canada.
Cette hausse fulgurante est notamment liée aux événements climatiques extrêmes qui ont eu lieu cet été, explique le Dr Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, à Halifax.
«Les soubresauts climatiques font en sorte que ça coûte plus cher de nourrir les animaux», dit-il.
«Le maïs, le blé, le canola: tout ça a été affecté par les sécheresses et les coups de chaleur dans l’Ouest canadien, aux États-Unis et en Russie. Il y a aussi eu les inondations en Europe. Donc on voit que la récolte de l'hémisphère nord n'a pas été très bonne et c'est vraiment en raison du climat», précise M. Charlebois.
Le grain que mange le bétail coûte de plus en plus cher à produire à cause de l’imprévisibilité du climat et ce sont les consommateurs qui paient la facture au bout du compte.
«On doit assumer des extrêmes climatiques qui font en sorte que non seulement on baisse d'inventaire, mais la qualité des grains aussi est affectée», précise le spécialiste.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, les événements météorologiques extrêmes, comme les sécheresses et autres vagues de chaleur, seront plus fréquents et intenses au cours des prochaines années.
Voici 5 pièces de viande qui vous coûtent plus cher depuis le début de l’année:
(pour 1 kilogramme)
1. Bifteck de ronde: +8% depuis janvier 2021
2. Bifteck de surlonge: +11,68% depuis janvier 2021
3. Rôti de côtes de choix: +4,25% depuis janvier 2021
4. Rôti de palettes: +12% depuis janvier 2021
5. Bœuf à ragoût: +10,45% depuis janvier 2021
Source: Statistique Canada
Les produits dits «du centre du magasin», comme les pâtes alimentaires, les huiles et les conserves, ont eux aussi augmenté de prix.
«Cette année on vit pas mal un scénario qui nous suggère que les changements climatiques nous coûtent de l'argent. C'est quand même assez important», souligne Sylvain Charlebois.
Combien exactement? On ne le sait pas, explique le chercheur, qui est justement en attente d’une subvention qui lui permettra d'étudier et de chiffrer le coût des changements climatiques à l’épicerie.
La fin des protéines animales?
En septembre, l’Université Dalhousie a révélé les résultats d’un sondage qui conclut que près de la moitié des Canadiens (49,4%) affirment avoir acheté moins de viande au cours des six derniers mois, à cause de la hausse du prix.
«Même en Alberta, le pays du bœuf, on voit de plus en plus que les gens réduisent leur consommation de viande en raison du prix», constate Sylvain Charlebois.
Le Canada est un gros producteur de légumineuses, tellement qu’il serait possible de nourrir tout le pays en protéines végétales si on le voulait.
Mais les Canadiens ne délaisseront pas complètement la viande de sitôt.
«On n’est pas rendu là», croit-il.