Embourgeoisement et rénovictions: une carte répertorie les évictions dans Parc-Extension
Une nouvelle carte interactive lève le voile sur le nombre important d’évictions et de tentatives d’éviction survenues depuis 2017 dans le quartier Parc-Extension, à proximité duquel l’Université de Montréal a installé son nouveau campus MIL.
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Pas moins de 127 évictions, reprises de logement, rénovictions ou tentatives d’éviction sont répertoriées sur cette carte produite par le Projet de cartographie anti-éviction de Parc-Extension (PEAMP). Pour réaliser cette carte, ce regroupement de chercheurs universitaires a utilisé les données du Comité d’action de Parc-Extension (CAPE), un groupe de défense de locataires.
L’objectif du projet: «mieux identifier l’ampleur des besoins» en matière de logement abordable et social, explique Emanuel Guay, doctorant en sociologie à l’UQAM.
«Si on a une idée plus claire du nombre d’évictions qui ont lieu, avec le Tribunal administratif du logement (TAL) et sans le TAL, ce sera plus difficile pour François Legault de nier l’existence d’une crise du logement», soutient-il.
Avec l'arrivée du campus MIL et l’embourgeoisement qui s’accélère dans le quartier, la situation du logement ne risque guère de s’améliorer dans l’avenir. Si bien que le nombre d’évictions pourrait continuer d'augmenter, prévient Emanuel Guay.
Les adresses exactes où ont eu lieu les évictions ou les tentatives d’éviction ne sont pas indiquées sur la carte, pour protéger l’identité des locataires.
La «pointe de l’iceberg»
Emanuel Guay est clair: cette carte n’est que la «pointe de l’iceberg». Elle ne tient compte, en effet, que des cas qui ont été signalés au CAPE, alors que de nombreuses évictions se produisent sans qu’on le sache.
La carte offre néanmoins un nouvel éclairage sur le phénomène des évictions dans Parc-Extension.
De janvier 2018 à mars 2020, les demandes d’aide que des locataires menacés d’évincement ont adressées au CAPE ont en effet été deux fois plus nombreuses que les dossiers pour éviction s’étant retrouvés devant le Tribunal administratif du logement, nous apprend le rapport MIL façons de se faire évincer, publié par le PEAMP l’an dernier.
D’autres cartes semblables à Montréal?
Cette carte n’est qu’un début. Le PEAMP souhaite présenter son initiative à d’autres organismes de soutien aux locataires pour qu’elle s’étende à d’autres quartiers de Montréal.
L’idée est de faire en sorte que d’autres organismes puissent reproduire la carte facilement et continuer de la mettre à jour au fur et à mesure.
L’Association des locataires de Villeray (ALV), par exemple, collige déjà des données sur les évictions et pourrait les utiliser pour produire une carte similaire.
Le collectif aimerait aussi distinguer les cas d'éviction des tentatives infructueuses d’éviction, ce qui n’est pas le cas dans la présente version de la carte de Parc-Extension.