Ça gagne combien un influenceur? Trois créateurs de contenu répondent à nos questions | 24 heures
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Ça gagne combien un influenceur? Trois créateurs de contenu répondent à nos questions

Image principale de l'article Ça gagne combien un influenceur?
Photomontage: Julie Verville / Crédits photo: Claudia Morin-Arbour / P-O Beaudoin / Maïka Desnoyers

Peut-on véritablement gagner sa vie en étant uniquement influenceur? Absolument. Mais combien peut-on gagner par année? Est-ce de l’argent facilement gagné? Porte-monnaie s’est entretenu avec trois créateurs de contenu qui démystifient le marketing d’influence: Camille DG, P-O Beaudoin et Maïka Desnoyers.

· Camille DG, CEO de l’agence contenu et de stratégie web Codmorse et du blogue Le Cahier : 50,2K abonnés sur Instagram

· P-O Beaudoin, fondateur de l’agence de marketing d’influence Muze Influence : 49,6 K abonnés sur Instagram

· Maïka Desnoyers, animatrice et courtière immobilière : 170K abonnés sur Instagram

Est-ce qu'en général, les abonnés comprennent bien votre travail ?

P-O : Je pense qu’on en parle de plus en plus. J’ajouterais que c’est normal qu’un créateur soit payé pour son contenu, au même titre qu’une agence de publicité est payée pour créer une publicité à la télévision. Les réseaux sociaux font partie de notre vie et c’est une façon de faire du marketing. 

Camille : Oui et non. Ils comprennent qu’on reçoit des cadeaux, qu’on est invité dans les événements ou des voyages. Je ne pense pas que les gens saisissent toute l’ampleur du travail derrière la création de contenu. Dans mon cas, je te dirais aussi que ça dépend de l’âge de la personne. Les générations plus jeunes ont une compréhension plus globale du travail de marketing d’influence.

Maïka : Il y en a qui ne réalisent pas que c’est une nouvelle façon de faire de la publicité, Toutefois, mes abonnés respectent vraiment le contenu que je fais. Il y a encore beaucoup à démystifier car après tout, il faut comprendre que c’est un travail. 

Maïka Desnoyers, animatrice et courtière immobilière.

Crédit: Maïka Desnoyers 

Maïka Desnoyers, animatrice et courtière immobilière.

Est-ce que le nombre d’abonnés influence les demandes de partenariats?

P-O : Les entreprises veulent faire affaire avec un créateur de contenu qui a développé une communauté qui rejoint des gens. Lorsque tu as un véritable reach, c’est là que ça prend de la valeur. Tout se quantifie. 

Camille : Oui. Toutefois, ce qui est important c’est le taux d’engagement et ça se calcule avec des données comparatives... C’est un mélange du nombre d’impressions, de nombre d’abonnés et des interactions des abonnés sur ton contenu. 

Maïka : Oui. Même si j’ai 170 000 abonnés, les compagnies demandent à voir les statistiques pour vérifier si ce sont de vrais abonnés ou si ce sont abonnés qui ont été achetés. 

Il y a plusieurs types d'influenceurs. Quelle est la différence entre un macro ou micro-influenceur et qu'est-ce que ça change au niveau des partenariats?

Camille : Au Québec, je dirais qu’un micro-influenceur est de 5000 abonnés et moins et maintenant le chiffre magique est 10 000 et lorsqu’on parle de macro, c’est de 50 000 de plus. Les influenceurs qui ont 100 000 vrais abonnés sont les kings et les queens des réseaux sociaux. 

P-O : Je dirais que la grande différence est qu’un micro-influenceur s’adresse à une clientèle plus nichée, tandis qu’un macro-influenceur détient un auditoire plus large, et ça aussi ça joue un rôle sur les choix des entreprises à collaborer avec un influenceur. Par exemple, une entreprise de produits de bouffe préfère toujours collaborer avec un influenceur foodie qui détient vraiment un bassin d’abonnés qui aiment la bouffe. 

P-O Beaudoin, fondateur de l’agence de marketing d’influence Muze Influence.

P-O Beaudoin 

P-O Beaudoin, fondateur de l’agence de marketing d’influence Muze Influence.

As-tu déjà reçu des offres ridicules en échange de tes services? Si oui, lesquelles?

P-O : Oui, j’en ai déjà eu. Ce qui me vient en tête, c’est lorsqu’on reçoit un produit en cadeau par des relationnistes et ces derniers nous poussent à créer du contenu sur nos réseaux sociaux gratuitement pour leurs clients. 

Camille : Un moment donné je devais participer à une campagne de shampooing et on m’avait envoyé une gamme pour des cheveux frisés et pourtant j’ai des cheveux droits. Le pire c’est que l’entreprise s’attendait à du contenu de ma part. 

Maïka : Il y a des fausses compagnies qui t’approchent et ça m’est arrivée de faire affaire avec une compagnie frauduleuse. J’étais tellement à l’envers, j’avais entamé des poursuites... Depuis, je suis méga à l’affut que la compagnie est réelle. 

À quoi ressemble tes semaines de travail? Fais-tu plus du 20 heures semaines ou plus du 50 heures?

P-O : C’est du temps plein depuis la création de mon agence de créateurs de contenu que je gère désormais. Je dois négocier les contrats pour mes créatrices et c’est beaucoup de travail. Cela varie de semaine en semaine. Je te dirais que ça frôle souvent les 50 heures et plus.

Camille : Ça dépend vraiment du contrat. Je porte plus qu’un chapeau. Pour la création de contenu, je vise toujours la plus belle lumière possible et comme je mets en scène toutes mes photos...Ça dépend donc de la scène, le montage vidéo, la rencontre client...Avant d’avoir eu mon bébé, mes semaines frôlaient les 45-50 heures.

Quel peut être le salaire annuel pour un créateur de contenu à 100 000 abonnés sur Instagram?

P-O : Hmm, avec un agent qui négocie tes contrats, je dirais facilement 150 000 $ par année.

Camille : C’est tellement varié. Ils peuvent bien avoir beaucoup qui chargent 2000$-2500$ par photo statique et ça c’est sans les stories et les REELS. Alors oui, ces gens peuvent gagner un bon salaire annuel. Chez Codmorse, qui est mon agence de stratégie web, on a collaboré sur une campagne complète allant de 30 000$ à 40 000$ avec un influenceur. 

Maïka : Je ne fais pas 150 000$! Tout dépendant des années, ça varie entre 20 000$ et 50 000$, mais faut savoir que je ne fais pas ça à temps plein. Mon gagne-pain principal est l’animation et je suis courtière immobilière. 

Camille DG, CEO de l’agence contenu et de stratégie web Codmorse et du blogue Le Cahier.

Crédit : Claudia Morin-Arbour 

Camille DG, CEO de l’agence contenu et de stratégie web Codmorse et du blogue Le Cahier.

As-tu déjà refusé un contrat payant parce que l'entreprise ou l'organisation ne rejoignait pas tes valeurs?

P-O : Souvent. Ça arrive à toutes les semaines. Je suis un des seuls hommes au Québec qui crée du contenu de qualité au niveau de la mode, du design et du lifestyle. J’ai donc beaucoup de demandes et si ce n’est pas dans ces domaines, je refuse. 

Camille : Oui, tout à fait. Il y a des entreprises avec lesquelles je refuse de travaille parce que les vêtements ne sont pas faits dans les bonnes conditions. En tourisme, je suis contre tout ce qui est aquarium - comme Seaworld - parce que ça va contre mes valeurs. 

Maïka : Ça arrive souvent. J’en reçois énormément par semaine. Je leur dis non merci...il y a des compagnies qui prônent des shakes de remplacement de repas, mais moi ça ne me rejoint pas. 

Qu'est-ce que tu aimerais faire comprendre aux consommateurs de réseaux sociaux par rapport au marketing d'influence?

Camille : À chaque fois, c’est facile d’en rire et c’est facile de dire que les créateurs ne font rien, mais il y a un travail de recherche. C’est de la véritable création. Il faut arrêter de se leurrer, car il y a des campagnes où l’on voit des répercussions réelles. Il ne faut pas mettre tous les influenceurs dans le même panier. Il faut y avoir une ouverture et comme dans tous les métiers : il y en a des bons et des moins bons. Et si on est dérangé par un contenu, il y a un bouton qui s’appelle « se désabonner », qui est fort utile.  

Maïka : Ceux qui font ça à temps plein, c’est de la grosse job. Je leur lève mon chapeau. Il y a beaucoup, beaucoup de travail en arrière et les gens ne le voient pas nécessairement. Les influenceurs sont des petites PME et ils ont tout mon respect. 

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