Les femmes sont-elles réellement moins à l’aise de négocier leur salaire ? | 24 heures
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Les femmes sont-elles réellement moins à l’aise de négocier leur salaire ?

Image principale de l'article Les femmes et la difficulté à négocier
Photomontage: Alexandre Pellet

Quand il est question de négociation salariale, on entend souvent dire que les femmes n'osent pas assez et ont tendance à manquer de confiance: mythe ou réalité? La réponse est beaucoup plus nuancée qu’elle n’y paraît, selon une experte.

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Les femmes ont le réflexe de se disqualifier elles-mêmes rapidement du moment qu’elles ne cochent pas l’une des nombreuses cases des qualifications requises pour un poste, observe Céline Morellon, CRHA, directrice des ressources humaines et de la transformation organisationnelle à la Société du parc Jean-Drapeau.

«Je ne dirais pas que c'est tant la gêne qu'un réflexe d'adéquation, poursuit celle qui est aussi cofondatrice de l'entreprise Leaders de valeurs, qui vise à épauler les individus dans leur quête professionnelle. Les femmes se demandent : est-ce que je fit? Si oui alors je sais que je vaux tant et je vais pouvoir réclamer tant. S’il me manque telle ou telle compétence, alors pourquoi exiger un plus gros salaire puisque je n'ai pas tous les acquis?»

Céline Morellon, CRHA, directrice des ressources humaines et de la transformation organisationnelle à la Société du parc Jean-Drapeau.

Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) 

Céline Morellon, CRHA, directrice des ressources humaines et de la transformation organisationnelle à la Société du parc Jean-Drapeau.

La gestionnaire remarque aussi que les qualités valorisées chez les femmes leaders sont différentes de celles des hommes. 

Le talent recherché chez une leader féminine est principalement l’écoute. Les femmes qui portent une oreille attentive aux besoins de l’équipe et qui s’assurent que le groupe avance ensemble sont vues comme de bonnes dirigeantes. 

Or, inconsciemment, c’est aussi pour ne pas heurter cette cohésion de groupe que plusieurs femmes hésitent à exiger un plus gros salaire, avance Céline Morellon. 

«La force de leadership des femmes est de penser au collectif. Donc, se dire qu'on peut oser réclamer un salaire plus élevé que celui de son ou sa collègue est contraire à la façon de réfléchir de plusieurs femmes qui pensent en termes d'équité. Elles ne se sentent pas légitimes de le faire.»

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La solution: changer de mentalité

Selon l’experte, il faut revoir sa façon de penser et se départir du poids de la culpabilité. Elle propose d’ailleurs aux femmes de trouver un appui auprès de collègues masculins et de rechercher des coachs ou des mentors masculins. 

«Il ne faut pas hésiter à leur demander ce qu'ils pensent de notre travail», donne-t-elle aussi en exemple. C’est d’ailleurs un conseil qu’elle a elle-même mis en pratique et qui l’a aidée à voir que son travail était apprécié de plusieurs, malgré les doutes qui peuvent parfois s’immiscer. 

Elle suggère aussi de développer son réseau féminin et de poser des questions aux femmes qui sont dans des postes auxquels on aspire, pour comprendre comment elles en sont arrivées là. 

La conseillère en ressources humaines ajoute qu’il ne faut pas avoir peur d'afficher son ambition et de parler de ses rêves professionnels avec des collègues ou supérieurs de confiance lors de cocktails ou 5 à 7, puisque ces décisions «se jouent beaucoup en coulisse, dans des réseaux informels».

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Préparer sa négo: ça prend du temps

«Il ne faut pas oublier que la négociation salariale se prépare sur le long terme, rappelle Céline Morellon. Il faut faire ses devoirs: ramasser, cumuler des preuves de nos bons coups, faire nos recherches sur les salaires dans notre domaine.» Bref, il faut se constituer un solide dossier avec de bons arguments pour se préparer à négocier. 

La gestionnaire encourage les gens à sortir du cadre et à faire preuve de créativité quand vient le temps de négocier ou de renégocier les conditions de travail. Les avantages sociaux ne sont pas à négliger, mais on peut aussi demander autre chose qu'un plus gros salaire: plus de temps. 

«On peut demander de travailler quatre jours par semaine» tout en gardant le même salaire, ou encore «cinq semaines de vacances au lieu de trois» en soulignant qu'on sera plus productif si on est bien reposée, donne-t-elle en exemple. 

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