Sans éducation financière, les jeunes Québécois se sentent perdus

Les jeunes de 18 à 35 ans seraient dans un néant devant leur avenir financier et démunis par manque de connaissances sur les finances, révèle un récent sondage québécois. Qu’en est-il vraiment sur le terrain? Analyse avec deux experts.
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Ce sont trois jeunes Québécois sur quatre, soit 74% des moins de 35 ans sondés, qui estiment leurs connaissances sont insuffisantes pour planifier leur avenir financier, révèle un sondage mené par l’Institut québécois de planification financière (IQPF). Une donnée qui n’étonne pas Andrew Thibeault, conseiller en sécurité financière à la Financière Sun Life : « Il n’y en a pas d’éducation financière qui est donnée au Québec pour les finances personnelles. »
Un point qu’appuie également Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’IQPF : « En 2009, au Québec, on a fait le choix de retirer les cours d’économie et de finances personnelles au secondaire; on les a réintégrés récemment, mais ce n’est pas obligatoire pour l’obtention du diplôme. On envoie le message aux jeunes que les finances personnelles c’est important, mais peut-être pas tant que ça. »
Ce sondage sur les finances personnelles est réalisé depuis 2012 par l’IQPF auprès des Québécois. « Malheureusement, on constate que le niveau de connaissances et de compétences des gens en matière de finances personnelles demeure assez stable, on ne voit pas de changement au cours des ans », ajoute Chantal Lamoureux.
Consulter ses proches plutôt qu’un professionnel
Pour combler leurs lacunes au niveau des finances personnelles, 67% des répondants du sondage sont tentés de consulter leurs proches. Toutefois, à moins qu’ils ne soient des professionnels des finances, leur famille ou leurs amis n’ont pas nécessairement plus de connaissances qu’eux dans le domaine.
Être accompagné par un expert serait une meilleure option. Car, comme le rappelle Andrew Thibeault, chaque domaine a son professionnel. Dans le secteur des finances personnelles, c’est le planificateur financier qui est la personne toute désignée pour aider ses clients.
Malgré cela, le sondage de l’IQPF révèle que 80% des moins de 35 ans n’ont jamais consulté un planificateur financier. Pourquoi? La méconnaissance de cette profession et de ses coûts est le principal obstacle selon nos experts.
« Les jeunes adultes n’ont aucune idée de combien ça coûte voir ces professionnels. En réalité, souvent, pour voir un planificateur financier, il n’y a aucun frais à l’heure. Ça fonctionne avec un frais de gestion déduit du rendement qui a été fait. Il n’y a pas de frais connexes », nous informe le planificateur financier.
Par ailleurs, au-delà du coût, consulter un planificateur financier, c’est pour qui, au fait? « C’est pour toute personne qui n’a pas le temps ou les connaissances de gérer son argent. En fait, c’est pour n’importe qui qui a un surplus à la fin du mois et qui a des projets », répond Andrew Thibeault.
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Plus tôt le mieux
D’ailleurs, les études démontrent que plus tôt on commence à épargner, plus les impacts sont grands. « Les 10 premières années d’épargne, celles au début de la vie active, sont cruciales » souligne Chantal Lamoureux. Elles représenteront, à terme, près de 50% des économies pour la retraite, selon l’IQPF. Andrew Thibeault ajoute également qu’en planification financière, le plus important, ce ne sont pas nécessairement les montants investis, mais plutôt de commencer tôt, car « le meilleur ami de l’argent, c’est le temps. »
C’est d’autant plus important si on veut être en mesure d’atteindre les objectifs qui nous sont chers. Car quand on parle de planification de l’avenir financier, il est question de retraite, mais pas seulement : « Ça peut aussi être en lien avec toutes sortes d’objectifs qu’on a : s’acheter une maison, planifier un retour aux études, passer de salarié à travailleur autonome, entre autres » précise Chantal Lamoureux.
Accroitre ses connaissances financières
S’informer par soi-même est également possible. Chantal Lamoureux conseille d’investir plusieurs heures par année à parfaire ses connaissances et ses compétences en matière de finances personnelles. Il faut toutefois être vigilant et être capable de départager le vrai du faux, surtout avec l’information dénichée sur Internet. Vérifier ses sources est un incontournable. Elle recommande le site internet de l’IQPF qui propose une formation destinée au grand public pour découvrir les notions de base en planification financière.
De son côté, Andrew Thibeault mentionne que la première étape serait de faire un budget : « Beaucoup de gens ne le font pas, mais connaître ses entrées et sorties d’argent, c’est la base. Ensuite, on peut se demander quoi faire avec le surplus, et aller voir un planificateur financier au besoin. »
Le sondage omnibus par internet de l'IQPF a été réalisé auprès de 1016 répondants âgés de 18 ans et plus entre le 25 octobre et le 1er novembre 2021. La marge d'erreur maximale pour l'ensemble des répondants est de 3,6%.